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L’obstacle Ramgoolam

14 décembre 2015, 07:30

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Nous entrons dans une année où la question de succession serait à l’ordre du jour au sein des trois grands partis du pays. Au Parti travailliste, la relève revêt une importance encore plus cruciale avec les développements survenus ces derniers jours. Ils pourraient précipiter une décision plus tôt que prévu par rapport au leadership.

En tout cas, ce serait suicidaire pour les Rouges, dans la circonstance actuelle, de tergiverser sur la question. La déclaration faite sous serment par l’agent spécial du PTr, Nandanee Soornack, devant la Cour d’appel de Bologne, est venue changer la donne. Son témoignage renforce les soupçons de trafic d’influence à l’encontre de l’ancien Premier ministre. De ce fait, il sera intenable pour le PTr de continuer à maintenir Navin Ramgoolam au poste de leader. Lui laisser les rênes du parti alors que le contexte politico-judiciaire le fragilise chaque jour un peu plus ne saurait être sans conséquence pour son camp.

Soornack a affirmé solennellement devant la justice italienne qu’elle était la maîtresse de Ramgoolam et qu’une enfant est née de cette liaison en 2009. Or, c’est à partir de 2010 que le système Soornack prend son envol avec Airway Coffee. Il atteint son apogée avec l’ouverture de la nouvelle aérogare de Plaisance en 2012 et l’octroi, dans des conditions ténébreuses, d’un monopole à la compagnie de restauration. Elle aurait, en outre, touché des commissions payées par le gérant de la boutique duty free de l’aéroport. Son enrichissement, tant fabuleux que soudain, intéresse la justice.

Que l’on ne s’y trompe pas. Une déclaration faite sous serment n’est pas une garantie de vérité. Il y aura une procédure judiciaire à respecter avant d’établir la stricte vérité dans l’affaire en question. Cela prendra du temps. Toutefois, quel que soit le dénouement de ce dossier complexe, qui a une dimension internationale, le leader du PTr causera du tort à son parti en restant accroché au leadership. Départ volontaire ou forcé, Ramgoolam doit céder la place s’il ne veut pas compromettre les chances de son parti d’incarner une alternative crédible au gouvernement.

Dans la perspective d’une montée du mécontentement populaire, une opportunité se présente devant le PTr. Pour la saisir, il doit au préalable renouveler sa direction. Ce n’est pas une tâche insurmontable car il y a déjà un candidat naturel à la succession, Arvin Boolell.

Si celui-ci demeure populaire parmi la base, comme l’attestent les sondages, il lui reste à séduire les factions qui dominent les instances officielles de son parti. C’est à ce prix qu’il arrachera le leadership. Seulement, il ne lancera son offensive que lorsqu’il est assuré de gagner. Boolell, on le sait, n’aime pas les coups de poker.