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Gérer l’impatience
Ce n’est pas grave si les fréquentes rencontres entre le Premier ministre et les capitaines d’industrie ne produisent pas encore des résultats tangibles. Elles ont au moins l’avantage de rassurer la population que l’économie demeure la priorité du gouvernement. En outre, ces échanges au sommet renforcent la nécessaire confiance mutuelle entre décideurs publics et opérateurs privés.
Nous sommes encore au stade où sont posées les fondations d’une économie nouvelle. Les résultats ne vont pas apparaître du jour au lendemain. Ils vont tarder. Or, l’alternance de 2014 a créé des attentes élevées, les dirigeants le savent bien. Ils doivent donc gérer avec prudence cette période qui peut potentiellement générer de l’impatience ainsi que des tensions sociales.
Pour éviter toute dégradation durant la phase de transition, le gouvernement doit sans cesse donner des gages de sa détermination à hisser l’économie à un nouveau palier. Oui, la Vision 2030 a fait rêver, mais l’échéance est trop lointaine pour que la population s’en contente. En revanche, les contacts directs, comme ceux qui sont prévus pour aujourd’hui, entre le Premier ministre et le secteur privé, ont un symbolisme fort qui donne le sentiment que les choses avancent bien.
Le ministre des Finances est lui-même parfaitement conscient que la patience est de moins en moins bien maîtrisée ces temps-ci. Il reproche souvent aux impatients d’être imprégnés d’une culture de gratification instantanée. Mais la recherche de la satisfaction immédiate est désormais une donnée inéluctable. Vishnu Lutchmeenaraidoo doit en tenir compte.
Tout se joue donc sur le plan psychologique. C’est aux dirigeants du pays d’oeuvrer pour que ces exigences populaires n’atteignent pas le point d’ébullition avant que le miracle économique annoncé ne se concrétise.
Il est vrai que les chantiers envisagés– des smart cities au port entièrement repensé – sont gigantesques et ne seront pas achevés avant longtemps. Néanmoins, si les secteurs traditionnels tels que le tourisme, les services financiers et le manufacturier se portent bien entre-temps, le tour est jouable.
Au final, le véritable miracle sera de trouver des moyens d’aider la population à supporter la longue attente des fruits des tout nouveaux piliers de développement.
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