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État-providence pour les riches

21 décembre 2015, 07:20

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À l’aise face aux journalistes de l’audiovisuel, vendredi dernier, le Premier ministre a apporté des réponses claires à presque toutes les questions. Sur un sujet, toutefois, l’on aura noté un certain embarras. Malgré l’insistance de nos confrères, Anerood Jugnauth n’a pas voulu préciser sa position sur l’introduction du ciblage pour les prestations sociales les plus coûteuses.

Interrogé sur la pauvreté, il a déroulé une liste de mesures et cité des chiffres à profusion pour  prouver que son gouvernement accorde toute son intention à ce fléau. Mais quand il est appelé à dire s’il est prêt à limiter le paiement de la pension de vieillesse aux seuls nécessiteux, le Premier ministre est apparu quelque peu hésitant. Cette absence de réponse de la part d’un Premier ministre connu pour sa transparence indique à quel point ce dossier est sensible.

Le Basic Retirement Pension (BRP) représente presque un tiers de l’enveloppe globale des prestations sociales. Pour des raisons qui tiennent à la structure démographique de la population, les spécialistes affirment que ce régime de pensions est mathématiquement condamné à mourir. Les projections les plus pessimistes indiquent que le système s’écroulera dans moins de trente ans si rien n’est fait pour le corriger. Il est donc déjà assez tard pour agir.

Il est vrai que lors d’un précédent passage au pouvoir, Anerood Jugnauth, alors à la tête d’un gouvernement MSM-MMM, avait imposé un seuil de revenus qui excluait les plus nantis des bénéfices du BRP. Cette mesure garantissait la survie du système. Or, dès que les Travaillistes sont revenus au pouvoir en 2005, ils ont fait revenir la pendule en arrière et annulé la réforme. Ce recul est d’autant plus incohérent que le PTr avait, dans la foulée, étendu l’âge de la retraite à 65 ans. Du coup, il y a désormais une catégorie de citoyens qui perçoivent des salaires élevés jusqu’à l’âge de 65 ans tout en touchant une pension de vieillesse non contributive.

La catastrophe est imminente. Il est estimé que les dépenses liées au paiement de la pension universelle atteindront 11 % du Produit intérieur brut en 2040. C’est la nation entière qui sera alors menacée de faillite.

Il faut du courage politique pour instaurer le ciblage et éliminer les classes aisées de la liste des bénéficiaires du BRP. Car, pour ruineux qu’il soit, le système actuel va être défendu avec ardeur par les plus démagogues des opposants. À ceux qui s’érigeront en défenseur aveugle de l’État-providence, il faut rappeler cette philosophie énoncée par l’ancien ministre des Finances Rama Sithanen : «If you want to help thepoor, help the poor.»