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Un an de pouvoir : répétons les bêtises ?
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Un an de pouvoir : répétons les bêtises ?
On est tous d’accord : ce gouvernement est surtout au pouvoir à cause des votes «contre» le gouvernement sortant et donc en raison de la promesse de «nettoyage» et de faire différemment qui en découlait.
On est tous d’accord : le dernier sondage DCDM, publié par l’express le 13 décembre, montre le gouvernement en recul, certes (de 86 % à 67 % d’opinions favorables), mais reste cependant très encourageant, puisque beaucoup de partis «tueraient» pour avoir une cote positive à 67 %, après une année entière au pouvoir ! Mais attention : approbation ne veut pas dire adhésion partisane immuable…
On va maintenant peut-être se disputer (enfin, un peu…) Ce score positif de 67 % est le résultat de deux types d’actions gouvernementales distinctes : (1) les cadeaux du gouvernement à la nation – pension de vieillesse à Rs 5 000, compensation 2014 à Rs 600, 6 m3 d’eau gratuits, baisse du tarif d’électricité pour les petits consommateurs, frais d’examens pris en charge par l’État, etc. ; cadeaux qui coûtent et qui ne peuvent malheureusement se dédoubler sans travail (2) un gouvernement plus fort, plus brave, plus tranché, jouant moins la montre, bref plus décisionnaire. Collectivement, la population, ne faisant pas dans la finesse, a globalement approuvé le traitement de choc administré à la BAI, à Betamax ou aux terres distribuées aux protégés de Navin Ramgoolam. Ajoutons-y un constat : très peu regrettent, pour le moment, l’ex-Premier ministre et son style de gouvernement. En effet, le même sondage DCDM n’accrédite Ramgoolam que de 26 % d’approbation nationale. C’est Hollandesque ! Et c’est à la moitié du score (51 %) du leader de l’opposition, Paul Bérenger, dont le pays a encore bien besoin, malgré ses manoeuvres dépréciatrices de l’an dernier au son des nombreux «koz kozé» débilitants.
Finalement, proposons quelques pistes de réflexion : D’abord, outre les deux actions gouvernementales décrites ci-dessus, qui maintiennent la popularité du gouvernement à 67 %, s’ajoute un facteur passif, non négligeable. Le pays tout entier est encore bien conscient d’être sorti des griffes de Ramgoolam et de son règne jouisseur, marqué par le gaspillage d’occasion, la complaisance, l’opportunisme politique qui défie les principes, l’absence de décisions, la protection des proches. Mais plus le temps passe, plus les mémoires s’estompent… Si Ramgoolam paraît être, aujourd’hui, au pied d’une montagne infranchissable, il faut se souvenir que l’électorat avait rejeté Jugnauth lui-même avec autant de violence en 1995, mais que cinq années de traversée du désert auront fini par passer l’éponge complètement sur… ses propres insuffisances ! Comme toujours, c’est la conjugaison de deux facteurs qui ont ramené le MSM au pouvoir : la mémoire de ses propres gabegies qui s’estompe et l’accumulation des gabegies des autres qui s’aiguise.
Aucun gouvernement ne peut faire quelque chose contre le facteur temps. Par contre, il peut certainement s’activer à minimiser les bêtises dont il sera inévitablement coupable ! Et, à ce titre, il est des bêtises qui sont plus graves que d’autres ! La thèse est la suivante : faire des bêtises en territoire inconnu, c’est relativement véniel. Par contre, répéter les bêtises de ceux que l’on vient de remplacer, en ayant explicitement proposé le changement, est beaucoup plus grave et dommageable. C’est comme le mari qui déçoit son épouse : s’il brûle le riz (ou s’il la trompe) en s’y essayant pour la première fois, elle fera une scène, mais pardonnera. Par contre, s’il la trompe (ou brûle le riz) à nouveau, lui ayant déjà promis du changement, on doit s’attendre au pire. En tout cas, la probabilité qu’il soit «viré» augmente du tout au tout…
Ce qui nous ramène à l’actualité et à deux événements. D’abord, les marchands ambulants. Tous les gouvernements, quels qu’ils soient, sont coupables d’avoir laissé pourrir la situation au cours des 40 dernières années. Selon l’hypothèse faite ci-dessus, toute approche gouvernementale qui ressemblerait à la précédente (prônant, par exemple, l’hésitation ou «l’humanisme» alors que des principes de base – vie de cité ordonnée, respect de la loi, justice face aux commerçants respectant le «système» – ne sont pas respectés) va inévitablement appeler la comparaison. Et, par là même, démonétiser les nouveaux grands-prêtres du «changement». Le gouvernement a donc raison de tenir ferme jusqu’au bout et de mettre de l’ordre là où ses prédécesseurs se sont forgés une image de mous incapables de décisions fermes, disposés même à descendre de leurs bureaux ministériels (comme Beebeejaun) pour tenter de glaner quelques approbations et la promesse de milliers de votes. Ces votes, puisque tapageurs, paraissent toujours intéressants à prendre, mais rendent invariablement INCONSCIENT du risque de faire «virer» plusieurs dizaines de milliers d’autres… eux plus silencieux ! Or, prenons conscience que c’est cette majorité silencieuse qui fait, depuis longtemps déjà, les élections. Pas les «dépôts fixes» bruyants, de plus en plus minoritaires.
Deuxième exemple : l’annonce que le gouvernement finalise un contrat avec Jean-Claude de l’Estrac pour la direction de la MBC. Ce qui apportera une cassure franche d’avec ses modes opératoires Callikanesques, tant passéistes que clientélistes. Cet homme libre, de l’Estrac, est très probablement la meilleure chance de ce pays d’affranchir la MBC de sa médiocrité et de ses gaspillages effrénés. Les retombées positives d’une telle décision seraient multiples et d’ordre national. Toute velléité de faire «comme l’autre», c’est-à-dire d’essayer, à son tour, de noyauter la télévision nationale avec «ses» hommes, pour perpétuer le «poutou» coûteux qu’elle est actuellement, va inévitablement rappeler à l’électorat que ce n’est pas mieux qu’avec «bann-la» ! Et donc améliorer les chances de ces derniers de revenir au pouvoir. À essayer de chatouiller quelques voix d’ultras déjà acquis, le gouvernement risque de perdre des dizaines de milliers de sympathisants silencieux qui ont cru au véritable changement…
Que l’on ne s’y trompe pas : les 300 000 téléspectateurs que l’on dit encore férus de la MBC ne sont pas de parfaites cloches à qui l’on peut faire avaler de la propagande mal déguisée… D’ailleurs, ces mêmes 300 000 «cloches» ont largement contribué à virer le gouvernement «imbattable» de Navin Ramgoolam… Tout en lui souriant !
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