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2016: L’année de Fizette?

27 décembre 2015, 07:34

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2016: L’année de Fizette?

 

Dans la bande dessinée de POV, La BAI racontée aux couillons, il est un personnage plutôt échevelé, roux, répondant au doux nom de Fizette, qui se présente comme «la cousine de la fée Clochette et la belle-soeur du génie de la lampe d’Aladin». Fizette peut en fait exaucer les voeux de son propriétaire du moment. Pour un moment.

Il nous semble évident que le gouvernement aura bien besoin de ses services l’année prochaine !

Considérez seulement :

Sur le plan économique, nous avons eu beaucoup de chance, quelques bonnes nouvelles venant de l’étranger, avec le prix du baril de pétrole qui est descendu jusqu’à 36 dollars, alors qu’il valait trois fois plus cher il y a seulement 21 mois. Il est vrai que le dollar avec lequel on le paie vaut, quant à lui, presque 20 % de plus qu’en juin 2014, mais si l’on utilise la balance, l’on découvre que l’on a fait, nationalement, de grosses économies qui se reflètent d’ailleurs un peu à la pompe, mais surtout dans les caisses de la STC et du CEB – ce qui est un bonanza non négligeable, même indirectement, pour le Budget du gouvernement. La plupart des commodités ont aussi fait du suivisme sur ce plan sur la dernière année : charbon (-18 %), gaz (-42 %), métaux (-30 %), riz (-14 %), blé (-27 %). Pour un pays relativement éloigné de ses sources d’approvisionnement, même le fret maritime a bougé dans la bonne direction (-44 % depuis 2012 sur les conteneurs).

Avec ces développements avantageux, l’inflation était ainsi à 1,3 % en 2015. Mais imaginez que Fizette nous délaisse et que le dollar monte encore plus et/ou que les prix des commodités se tonifient à nouveau vers le haut ! Il faut ainsi se rappeler que la dernière fois où le prix du baril de pétrole a plongé aussi bas, c’était en 2009 et qu’un an plus tard, on en était à 80 dollars et deux ans plus tard, à 110 dollars !

La sagesse conventionnelle explique la baisse actuelle par le ralentissement de l’économie chinoise. C’est seulement une partie de la vérité. Le facteur clé est d’ordre cyclique : quand les prix sont forts et que la demande est solide, (la situation post-2009), le marché réagit en augmentant l’offre. Ces concours de circonstances mènent cependant régulièrement à une nouvelle surcapacité de production et les cours s’effondrent alors.

Pour le seul marché du pétrole, outre les capacités nouvelles activées en Irak ou au Brésil, les prix à 120 dollars le baril auront rendu tant les énergies renouvelables (au niveau de la demande) que l’huile et le gaz de schiste (comme offre nouvelle) économiquement viables. Une fois les stocks stratégiques constitués et les spéculateurs rattrapés par la réalité, le crash des prix est inévitable, d’autant que le plus grand producteur mondial, l’Arabie saoudite, refuse de réduire sa production. Son espoir ? Pousser, maintenant, à la fermeture, suffisamment de surcapacités actuelles, en maintenant le prix en deça du coût de production des producteurs les plus chers, afin qu’elle puisse, avant 18 mois, voir remonter les prix à des niveaux qui rempliront à nouveau ses coffres qui font tant saliver. Même chez nous.

Les services de Fizette seront aussi souhaités par le gouvernement en 2016 pour le procès de Pravind Jugnauth, ou celui de Prakash Maunthrooa (affaire Boskalis), dans l’arbitrage face à Betamax et à Dawood Rawat, dans la vente d’Apollo Bramwell ou de Britam (avant la prochaine échéance de paiement de SCBG en juin prochain). Mais également dans le «nettoyage» des casinos, de la MBC, de la MSC, de l’Irrigation Authority, d’Air Mauritius, dans les discussions avec Dubai Ports Authority et, aux antipodes de celles-ci, avec le syndicat des employés de la Cargo Handling, dans le démarrage de nombreux projets déjà annoncés, de manière à désavouer la projection de seulement 3,9 % de croissance de Statistics Mauritius !

Quant à nous, on est conscient que le défaut de Fizette, c’est de se fatiguer rapidement et de demander des «local leaves» intempestifs. Dans les déserts froids, par exemple. C’est pourquoi nous ne compterons pas trop sur elle et miserons plutôt (si c’est encore possible…) sur des mesures solides en faveurde la productivité nationale et d’une meilleure éthique du travail, le moins de catastrophes naturelles possibles pour le ministre Dayal, une ouverture sincère du pays pour accueillir les étrangers, la méritocratie à tout-va, du mauricianisme fédérateur, de l’intégrité, un livre de chevet pour le ministre de la Culture et… un embargo, svp, sur le discours de Sandhya Boygah lors du prochain Budget (lire, pour édification, des extraits dans Weekly du 30 décembre 2015).

Nos meilleurs voeux 2016 accompagnent… le pays ! Et bonne année à vous, chers lecteurs du dimanche.