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In Justice we trust
Le procès en appel qui débute ce matin devant la Cour suprême aura des conséquences très lourdes sur la vie politique. L’enjeu, c’est la carrière politique d’un Premier ministrable, Pravind Jugnauth, voire même la survie de l’alliance au pouvoir. Il est normal que l’événement génère une émotion intense. Dans ces circonstances, les dirigeants politiques et leurs sympathisants sont susceptibles, dans un moment d’emportement, d’enfreindre le principe du respect de la justice.
Or, le respect de l’autorité judiciaire est un impératif dans un État de droit. Le comportement des uns et des autres doit être exemplaire à la fois pendant le déroulement de l’audience et après le prononcé du jugement dans le cas présent.
Déjà, les appels à la mobilisation lancés par les partisans du MSM en faveur de leur leader ces dernières semaines peuvent être considérés comme un geste inapproprié. Ils n’aident pas à créer la sérénité qui convient au bon fonctionnement de la justice. Des réunions ont été organisées dans diverses localités et des banderoles ont été placées à plusieurs endroits stratégiques. La campagne s’est étendue aux réseaux sociaux. Le slogan qui est brandi par les fans de Pravind Jugnauth : «United we stand… In Pravind we trust».
De même, en juin dernier, quand la cour intermédiaire rend son verdict dans l’affaire Jugnauth, il y a eu quelques débordements aux abords du tribunal et une forte présence de ministres dans la salle d’audience. Tout cela ne favorise pas un climat propice à la poursuite des objectifs de justice.
Il est temps que les politiques, prompts à utiliser la formule «J’ai confiance en la justice de mon pays», montrent par des actions concrètes que leurs propos sont sincères. Dans la pratique, ils laissent faire quand leurs partisans tentent d’exercer une pression sur la justice ou tiennent des propos qui portent atteinte à l’indépendance des juges.
En juillet 2014, les partisans de Yatin Varma ont craqué des pétards, dans l’enceinte du tribunal de Rose-Hill, à l’annonce du verdict d’acquittement en faveur de l’ex-ministre. Présent en cour, en novembre dernier, Navin Ramgoolam affirme publiquement qu’il est venu témoigner sa solidarité avec le député rouge. Il tient alors des propos belliqueux : «Ce qui se passe est inacceptable. Cela montre que Maurice n’est plus un État de droit.»
Pour protéger notre démocratie, nos droits, il faut se battre pour que le système de justice ne souffre d’aucune atteinte à son indépendance et sa dignité.
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