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Rêver haut
À l’heure où les acteurs économiques reprennent du service, il est difficile de ne pas revenir sur certaines questions qui ont taraudé les esprits en 2015. Notamment les ambitions et les méthodes économiques du gouvernement de SAJ en place depuis décembre 2014.
Un épisode récent a retenu notre attention et pourrait en dire long sur l’état d’esprit à l’Hôtel du gouvernement. Quand Vishnu Lutchmeenaraidoo est sorti à toute vitesse de la deuxième rencontre SAJ-secteur privé, le mardi 15 décembre à Ébène, évoquant des obligations familiales, on a senti la gêne du capitaine momentanément relégué à l’arrière-plan. Nous ne mettons pas en doute l’urgence de l’heure. Mais tout de même en faisant comprendre aux journalistes qu’il ne pouvait leur accorder une minute, le ministre des Finances avait trouvé un excellent prétexte pour ne pas embarrasser (ou froisser) le PMO et ainsi laisser le champ médiatique libre à sir Anerood Jugnauth, engagé lui aussi – et pleinement – dans le chantier économique.
Avec Roshi Bhadain, qui a affiché de grandes ambitions pour le secteur financier, ils sont trois hommes à oeuvrer pour le futur économique deMaurice. Cette manière de gérer les affaires est peu orthodoxe ; elle disperse les efforts, témoigne de l’absence d’une ligne directrice claire et d’une cohésion politique. Sans doute, l’économie n’est pas une trajectoire définie par avance. Les circuits peuvent êtres lisses, comme ils peuvent être tortueux. Au final, on retiendra le résultat.
Maurice ne peut ni attendre, ni trop réfléchir, car il y a tant d’années de retard à rattraper, tant d’aventures à tenter et tant d’opportunités à saisir. Tant mieux s’ils sont plusieurs à s’y mettre. Tant mieux s’ils sont trop ambitieux ou s’ils rêvent les yeux ouverts.
Stéphan Buckland et Éric Milazar n’auraient jamais conduit Maurice en finale des Championnats du Monde de 2006 à Edmonton (quelle année en passant !), s’ils n’avaient pas rêvé grand et s’il n’y avait pas eu autour d’eux des hommes et des femmes aussi audacieux qu’eux. Si les conditions étaient réunies pour l’explosion de ces talents mondiaux, c’est parce que dans l’équation ils étaient plusieurs à voir très grand et à y croire jusqu’au bout.
«Il faut rêver haut pour ne pas réaliser trop bas.» Stéphane Ulcoq, le Chief Executive Officer d’UBP, nous rappelait cette citation d’Alfred Capus dans une récente édition de l’eGazette de GML. Elle résume clairement la pensée des audacieux qui ont de la suite dans les idées. Mais attention, quand il s’agit des affaires nationales, la population s’attend à voir au pouvoir des hommes capables de «rêver haut » et de tenir fermement les rênes, sans faire une fixation sur des gains politiques à tout prix.
Le seuil de saturation est atteint dans plusieurs grands secteurs et si Maurice ne s’embarque pas dans un «game changer» économique et ne pousse pas plus loin encore sa diversification réussie, nous resterons àquai et nous nous contenterons de fantasmer sur l’horizon.
La vision 2030 du gouvernement peut paraître chimérique. Viser la création de 100 000 emplois d’ici à cinq ans peut sembler irréaliste. Fixer l’objectif de croissance de 5,5 % à partir de 2017, c’est peut-être trop ambitieux compte tenu des conditions exogènes. Mais c’est mieux que de savourer un cigare et regarder des pom pom girls.
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