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La semaine vue par Gilbert Ahnee
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La semaine vue par Gilbert Ahnee
Lundi 11 janvier 2016
Solliciter simultanément l’autorisation de boire un verre d’eau et, éventuellement, de respirer. Enfin ! C’est ça l'«ease of doing business»…
Produire !
Importer n’est pas viable. C’est ce que tente de faire valoir le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, dont le Non- Sugar Sector Strategic Plan 2016- 2020 a été présenté ce lundi. «Il faut produire davantage sur le marché local. La pomme de terre est produite à 76 %, l’oignon à 40 %, l’ail à 18 %, le lait à 4 % et la viande à 9 %», a déclaré le ministre lors de sa conférence de presse. Quelques observations supplémentaires.
Qu’il s’agisse de jus de fruits de gamme supérieure, avec ou sans sucre ajouté, de poulet de table élevé au grain, de haricots cuisinés, de packaging d’épices – en poudre ou en pâte – ou de l’impressionnante déclinaison de produits de la filière canard/foie gras, notre marché de l’alimentaire a accueilli, ces 18 derniers mois, une large variété de produits nouveaux, innovants, dont l’atout concurrentiel ne fut pas uniquement le maintien des prix bas. On peut toujours argumenter que les Mauriciens consomment, pour la table, au-dessus de leurs moyens réels. Ceci étant, année après année, on ne cesse d’observer une plus grande sophistication des références sur les rayons de la grande distribution, ces produits s’écoulant manifestement.
Comment faire la jonction entre ce marché solvable qui absorbe des articles d’importation coûteux – la marque Thiriet est réapparue dans les enseignes Jumbo – et nos producteurs locaux ? Ceux auxquels il manque encore le savoir-faire en fabrication et emballage aujourd’hui acquis par des sociétés mauriciennes telles que Mayil, Terracine ou Hassen Taher…
Mardi 12 janvier 2016
Comme une lettre à la poste ! Enfin, moyennant qu’elle ne contienne pas d’héroïne. Et encore ! Sait-on réellement ce qui finit par passer ?
Grands héritiers
Se méfier des beauxfrères. Des gendres, aussi. Celui-ci, apprend-on, sur francetvinfo, «se serait servi de ses relations en tant que gendre […] pour obtenir de juteux contrats». Ce passage devant les juges ne peut manquer d’interpeller l’opinion. Outre son verdict et l’éventuelle peine d’emprisonnement qu’elle est susceptible de faire exécuter, cette procédure fait valoir qu’appartenir à la famille régnante ne soustrait pas au regard du droit. On a beau avoir le papa et la maman qu’on a, si on n’a pas respecté la loi, ou qu’on a fermé les yeux quand elle était violée, il vient un moment où l’on doit répondre de ses actes ou de sa cécité.
Allez, on va vous le dire : il y a eu surfacturation. Bien sûr, la présomption d’innocence n’est pas mise en doute mais le dossier permet de voir qu’il y a eu malversations, fraude fiscale, trafic d’influence, escroquerie et blanchiment. Affaire d’argent, grosse affaire d’argent, ce pour quoi, aujourd’hui, même les héritiers de grandes familles sont disposés à perdre leur âme. Et c’est aussi de cela que va juger le procès : quelle responsabilité pédagogique la société, à travers son système judiciaire, doit-elle exercer ? Comment éventuellement punir avec justice et justesse mais également comment servir au mieux l’exemplarité des peines ? Des questions qui ne sont que plus vives lorsque le box des accusés accueille un dirigeant de naissance.
L’accusé principal est l’époux de Cristina Federica Victoria de la Très Sainte Trinité de Bourbon et Grèce, princesse d’Espagne. Également accusée.
Mercredi 13 janvier 2016
Combien de députés ukrainiens avec un pied à terre chez nous y ont aussi un coffre-fort au contenu tentant ? La pratique semble faire école…
Méfiez-vous de vos amis…
… et même un peu de vous… Quand des juristes de haut niveau, une QC et plusieurs State Counsels, engagent leur crédibilité professionnelle et morale dans un débat portant sur la définition même du conflit d’intérêts, les profanes sont bien inspirés d’être prudents. En attendant l’avis final des juges. Il n’y qu’une observation, pas d’ordre juridique celle-là, mais relevant de la mémoire, qu’il est possible de se permettre. La défense de Pravind Jugnauth devant notre Cour suprême semble s’appuyer sur un argument qui, au passage, vaut au législateur de se déjuger.
Le Prevention of Corruption Act (PoCA), et plus précisément ceux de ses termes que mettent en doute Me Montgomery et ses collègues, ont été adoptés par une Assemblée nationale dont faisait partie Pravind Jugnauth. Adoptés par une majorité dont il était une des figures de proue, se préparant déjà alors, en 2002, à être vice-Premier ministre et leader du MSM. Diplômé en droit, avocat de métier, Pravind Jugnauth présente, par excellence, le profil du parlementaire dont on veut espérer qu’il lit et analyse les projets de loi avant de les adopter. Faute de penser qu’il serait, au contraire, de ceux qui votent sans comprendre ce qu’ils font, nous avons du mal à croire qu’il n’avait pas pesé le pour et le contre lorsqu’il s’est prononcé en troisième lecture.
Le PoCA fut aussi tributaire des observations d’un Select Committee. Présidé par Ivan Collendavelloo, il comptait aussi Anil Gayan et Nando Bodha. Un peu agaçant pour ces élus de la majorité.
Jeudi 14 janvier 2016
Ils pensent toujours pouvoir mieux faire ? Alors, que font-ils ? Ben, ils démissionnent. C’est pathologique. Et ce n’est plus que ça le MMM…
Jurisprudence hub ?
Ça ne durera pas longtemps. Ça prendra le temps qu’il faut au chef juge et au juge Caunhye pour se prononcer. Mais pendant cette attente, c’est bien vers Maurice qu’on se tournera, étant entendu que notre Cour suprême est en mesure de préciser la jurisprudence du Commonwealth en matière de conflit d’intérêts. Pour notre petit hub de tout et de rien, c’est l’occasion d’être au centre de bien des attentions.
La défense de Pravind Jugnauth considère que la possibilité de conflit d’intérêts n’est prise en compte que pour l’exercice de décision d’achat ou non de la clinique. Les avocats du Parquet, en revanche, maintiennent que le conflit reste possible au moment de la réallocation des fonds pour le rachat de MedPoint. Indépendamment de la personne au centre du débat – et nous nous garderons bien de prendre le risque de la diffamer – ce qui est en jeu, c’est l’étendue de la responsabilité d’un ministre des Finances.
En amont du verdict, et fort indépendamment de ce qu’il pourrait être, on ne s’aligne ni sur la position de Me Montgomery, ni sur celle de Me Ahmine, en observant que le leader du MSM mise très gros dans cette affaire. Si les juges retenaient les arguments de ses avocats et l’acquittaient, Pravind Jugnauth serait susceptible d’acquérir, à sa prestance entre les perrons de la Cour suprême et son portail sur la rue Jules Koenig, plus d’épaisseur pour l’avenir que l’addition de tous ses précédents mandats électifs. En revanche, si les juges retenaient les arguments du Parquet…
Vendredi 15 janvier 2016
MBC. La syndicaliste doit pas causer en public ! Des fois qu’un journaliste pourrait l’entendre. MPA. Master in Paranoid Administration…
Le plus beau des chantiers
De l’âme du passé. Largement tributaire de financements du groupe Tata, Jamshedpur, ville nouvelle indienne créée au début du XXe siècle, a effectivement atteint la plupart de ses objectifs. Ailleurs dans le monde, entre autres au Brésil, le carnaval connu est celui de Rio, pas celui de Brasilia, le grand projet futuriste de l’urbaniste Lucio Costa et de l’architecte Oscar Niemeyer. En France, les Cergy-Pontoise, St-Quentin-en-Yvelines, etc. Ont rehaussé le niveau d’aménagement à leurs distances respectives du centre de la région parisienne mais on est encore loin du rééquilibrage entrevu. Gardons à l’esprit cette difficulté – pour ne pas dire impossibilité – de créer ex nihilo une dynamique urbaine lorsque nous envisageons aussi l’autre projet annoncé ce vendredi, la réurbanisation de Port-Louis.
Articuler à nouveau une ville à une population, soit planifier un habitat pertinent, implique d’identifier dans l’immédiat mais aussi d’entrevoir sur une vingtaine d’années les comportements susceptibles de dessiner le profil des quartiers : nombre d’enfants des jeunes couples, pourcentage de l’habitat pris par le marché du divorce, le temps où l’un des ex-conjoints vit seul, incidence du pouvoir d’achat des couples gays sur la vie économique. Si tout cela était bien cerné, New Port-Louis serait très certainement susceptible de vite avoir une âme, quand Highlands peinerait encore à l’entrevoir.
À Brasilia, les week-ends, les salariés filent sur Rio ou Saõ Paulo. Ici, ce sera très plausiblement aussi sur Port-Louis. Ce qui nous confrontera à nouveau aux embouteillages. Mais si c’est au moins pour quelques heures de bonheur…
Samedi 16 janvier 2016
Antidémarreur éthylométrique. Un dispositif, dans la voiture, bloquant le démarrage du moteur si le conducteur a trop bu… serait bien utile…
Konsilte napa ase
Le leader du verrouillage ? Dans son interview accordée à l’express ce samedi, le président de l’ ICAC Parliamentary Committee, l’avocat et député MSM Maneesh Gobin, affirme que Maurice est le seul pays au monde dont le leader de l’opposition nomme des membres d’un comité d’élite. Il pourrait aussi ajouter, en référence à l’article 59(4)(b) du Prevention of Corruption Act, que le leader de l’opposition dispose, à tout moment, de la possibilité de destituer un membre de ce comité qu’il aurait préalablement nommé. Nous décideronsnous un jour à enfin revoir, dans le sens d’une démocratie effective, ces fameuses prérogatives du leader de l’opposition ?
Dans six cas de figure, la Constitution prévoit trois types de consultations du leader de l’opposition : 1) consultation directe par le Premier ministre avant des recommandations faites par ce dernier au président (pour la constitution de l’Electoral Boundaries Commission et de l’Electoral Supervisory Commission, sauf pour son président); 2) consultation comme autant le Premier ministre, par le président [pour la nomination de la Public Service Commission (PSC), de la Disciplined Forces Service Commission et de l’Ombudsman]; 3) consultation comme autant le Premier ministre, par la PSC, pour la nomination du directeur de l’Audit.
Acting after consultation… cela, au fond, ne veut strictement rien dire. La Constitution se satisfait du fait que le leader de l’opposition ait été consulté. Mais rien ne contraint l’exécutif à tenir compte de son avis. Introduisons la notion d’accord, de consensus pour ces postes. Pour une démocratie plus exigeante. Réelle.
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