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L’univers sombre de la BAI

29 janvier 2016, 08:57

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Nous aurons le sang glacé cet après-midi. La population sera invitée dans les coulisses de l’horreur pour comprendre comment le système Rawat a survécu pendant de longues années, bernant régulateurs et auditeurs. Une conférence de presse sera donnée pour lever le voile sur le rapport des experts singapouriens qui ont mis à plat la sordide structure du groupe BAI.

Nous serions sans doute frappés d’une émotion aussi violente que celle ressentie par le gouverneur de la Banque centrale. Car, a-t-il prévenu, le rapport fait l’effet d’un roman noir, très noir. «Reading the nTan report freezes the soul», a déclaré Ramesh Basant Roi dans l’interview qu’il a accordée à «l’express» hier.

Si ce vaste montage à la Ponzi, que le cabinet nTan Corporate Advisory a mis au jour, suscite frissons et sueurs froides, c’est d’abord en raison de la dimension du scandale. Les Forensic auditors de nTan évaluent à Rs 51 milliards les fonds levés par le conglomérat entre 2008 et 2014. C’est colossal. De ce montant, presque Rs 18 milliards auraient été détournées à des fins privées.

Une fois les émotions apaisées, la question qui se posera est de savoir quelle suite sera donnée à l’affaire. Le rapport des Singapouriens aura exposé bien des plaies béantes de notre société. Elles ne cicatriseront jamais si, la dénonciation faite, les autorités passent l’éponge sur les manquements qui ont mené à la catastrophe.

 

Ramesh Basant Roi, lui-même, rappelle lors de son interview, que l’État a essuyé des pertes de plusieurs milliards de roupies dans le passé sans qu’il y ait eu la moindre sanction. Il fait référence aux douteux hedging pratiqués par MK et la STC. «No investigation/examination was conducted. No Reports were produced and published», s’insurge-t-il.

Mettant en cause nommément les cabinets KPMG et BDO, dans l’affaire BAI, il rappelle que les auditeurs ont l’obligation fiduciaire de protéger les intérêts des investisseurs. De même, il refuse d’absoudre la Banque centrale, d’autant plus que des officiers de l’institution avaient tiré la sonnette d’alarme mais n’ont pas été écoutés. La Bourse de Maurice, elle, est mise en demeure de s’expliquer par rapport au delisting de la BAI en 2010.

À propos de la Bourse, le gouverneur maintient le suspense: «Read the nTan Report when it will be out.» Il fait monter la tension comme dans les thrillers noirs.