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Une virée à Port-Louis

3 février 2016, 10:57

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LOIN des turbulences des fêtes de fin d’année, une virée à Port-Louis , par ces jours de grande canicule, ne pourra que vous confirmer que la valse des marchands de rue de chaque fin d’année mérite que les autorités y portent une attention particulière. Si octobre 2015 et les mois suivants semblent avoir changé des années précédentes en ce qui concerne les coupures d’eau traditionnelles de la CWA, et qui provoquaient de mini-émeutes çà et là (tout en espérant que cela n’a pas été qu’un exploit ponctuel), le folklore des marchands dits ambulants a cette fois-ci bien ambulé pour enfin pouvoir s’adonner à leurs fêtes de fin d’année bien à eux, tant les autorités leur ont mis des épines dans les étals de fortune. Alors qu’à la rue Pope Hennessy une manifestation bruyante opposait les ambulants aux policiers, une femme s’écriait au micro d’une radio privée : « Monn dépans40 000 roupi pou asté mo bann marsandiz, koumamo pou fer pou mo travay, ki mo bann zanfan pou manzé, kouma pou asté zot liv kan épou rantré ?»

Dieu sait que si cette femme a pu trouver Rs 40 000 pour son commerce d’occasion, elle aurait pu s’en servir pour nourrir ses enfants et pour les autres dépenses essentielles de sa famille. Sans être méchant, on peut se demander ce que peut bien faire cette femme aujourd’hui alors que la poule aux oeufs d’or de décembre est entrée en hibernation dès cet été, qui frôle régulièrement les 35-36° centigrades.

Aujourd’hui, la situation à Port-Louis est bien calme sur ce point-là. Cette femme attendra-telle décembre prochain pour venir réclamer le droit de s’occuper de sa famille sur les trottoirs du prochain Port-Louis Smart City promis par le ministre des Finances ? Devant cette révolution annuelle de marchands de rue d’occasion, le ministre des Collectivités locales, le lord-maire et les autorités concernées ont décidé de trouver deux emplacements permanents pour les loger. Si cette décision peut être qualifiée de louable, il est permis de se demander où vont ces marchands, si pauvres, trouver le financement nécessaire pour s’adonner à leur gagne-pain en permanence ?

Tout cela nous amène à une question sans doute pertinente, à savoir si ces marchands-là ne sont pas que des agents exploités par de riches bourgeois, fonctionnaires ou autres, qui de loin sont les véritables propriétaires de ces commerces qui leur rapportent gros, au nez et à la barbe des autorités ? Et sans taxe et permis SVP. Avant de se lancer dans la légalisation de ces commerces d’occasion, les autorités devraient s’adonner à une étude fort sérieuse afin de déterminer qui est vraiment pauvre et méritant et lui octroyer une source de financement qu’il rembourserait des profits obtenus du commerce.

Quant aux gros bourgeois exploitant cette situation, il faudrait leur casser les reins financiers. À quoi sert la loi sur le Unexplained Wealth ? Si cet article parle de Port-Louis, il en va de même pour les autres villes. Ce qui est fort touchant dans toute cette affaire, c’est que la grosse majorité des clients de ces marchands sont de pauvres travailleurs qui, pris par la frénésie d’achat de décembre, n’hésitent pas à courir, y laisser jusqu’à la dernière roupie de leur treizième mois.