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Repositionnement forcé
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Repositionnement forcé
La liberté n’a pas de prix ! On ne vous dira pas le contraire. Pourtant, Vishnu Lutchmeenaraidoo a choisi récemment de renoncer à sa liberté. Nous parlons de la démarche du ministre des Finances de faire une demande d’adhésion, acceptée à l’unanimité, au Mouvement socialiste militant.
Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser le grand argentier à se soumettre au diktat d’un parti politique ? C’est la question qui se pose, d’autant plus que le principal concerné avait pris la peine de préciser, en répondant positivement à l’appel de sir Anerood Jugnauth en octobre 2014, qu’il n’a nullement l’intention d’adhérer à un parti politique même s’il a rejoint l’alliance Lepep. La formule utilisée à l’époque était : «Je retourne dans une transition».
Bien évidemment, le MSM, qui voit sa majorité renforcée, ne peut que saluer «la sagesse du vétéran Vishnu Lutchmeenaraidoo» tout en insistant qu’il a «fait le meilleur choix pour l’avancement et le progrès du pays». Des civilités de façade qui ne veulent absolument rien dire en politique, notamment dans le contexte mauricien. D’ailleurs, il n’y a qu’à lire les journaux ces jours-ci pour se rendre compte des tiraillements au sein de la coalition dirigeante.
Pour revenir à l’initiative du ministre des Finances, un retour sur la première année du gouvernement au pouvoir nous permet de mieux comprendre ses motivations. Vishnu Lutchmeenaraidoo est présenté dans le cadre de la campagne électorale comme le challenger de Rama Sithanen. La population est ainsi mise devant le choix entre le «miracle économique» incarné par sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo et la philosophie économique qualifiée de pro-capitaliste de Sithanen.
Une joute qui tournera en faveur de l’alliance Lepep. Du coup, Vishnu Lutchmeenaraidoo est propulsé à la tête du Trésor public. Un poste qui lui permet d’avoir accès à certains leviers stratégiques mais n’étant membre d’aucune organisation politique, il n’est pas sujet à des directives pour ne pas dire contraint de suivre la ligne du parti. Ce qui paraissait comme un atout au départ est vite devenu un désavantage. Il a suffi de quelques mois au grand argentier pour qu’il ne se rende compte que la liberté, du moins cette liberté-là, avait un prix.
Et c’était cher payé en plus eu égard à la fragilisation de sa position sur l’échiquier gouvernemental. En l’espace de quelques mois, celui qui était présenté comme l’un des détenteurs de la fameuse recette du second miracle économique a commencé à faire l’objet d’interrogations, notamment s’agissant de la stratégie de relance.
La présentation de la Vision 2030 par le Premier ministre, reléguant au second plan le Budget 2015-16, n’était pas pour arranger les choses. D’où le coup de gueule du 26 janvier dernier à l’occasion de la Journée internationale de la douane. «Je parle de moins en moins de miracle économique parce que celui-ci n’est pas le fait d’un homme ou d’un gouvernement, mais d’une nation», avait-il déclaré. Et d’ajouter que «si la nation remet en doute le projet annoncé dans le Budget 2015, rien n’aura lieu».
L’exaspération exprimée par le ministre des Finances n’est certainement pas destinée uniquement aux râleurs se trouvant au sein de la population mais vise également les impatients de la majorité gouvernementale. Ceux qui doutent de la capacité à atteindre une croissance supérieure à 5 % d’ici à fin juin.
Pour éviter que sa situation d’électron libre ne devienne intenable, le ministre des Finances a décidé de se mettre à l’abri en intégrant le MSM.
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