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Mise en garde

24 février 2016, 10:24

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L’érosion des projections de la croissance mondiale se poursuit. Après les coups de scalpel du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en début d’année, c’est au tour de l’Organisation de développement et de coopération économiques (l’OCDE) de revoir son diagnostic. La semaine dernière, l’OCDE a rogné de 0,3 point ses prévisions, estimant désormais que l’expansion du produit intérieur brut de la planète sera de l’ordre de 3 % cette année. Un taux similaire à celui de 2015, soit le niveau le plus bas depuis cinq ans.

Cette dégradation des perspectives économiques mondiales ne laisse pas insensible la Banque de Maurice. Bien qu’ayant laissé son taux directeur inchangé à 4,4 % à l’issue de sa dernière réunion, le comité de politique monétaire (CPM) a longuement débattu de la faiblesse de l’économie mondiale. D’ailleurs, deux membres, sur les huit qui composent le CPM, ont réclamé un nouvel assouplissement monétaire pour soutenir l’activité.

Les options sont ouvertes, assure Ramesh Basant Roi, le Gouverneur de la Banque centrale. Même si la majorité a choisi le statu quo, il n’écarte pas la possibilité que le CPM se réunisse en urgence avant sa prochaine réunion de juin si le besoin se fait sentir.

Cette posture est tout à fait compréhensible dans la mesure où jusqu’ici les développements sur le plan mondial ont été surtout défavorables. La preuve ayant été faite avec le changement de ton de Janet Yellen, la patronne de la Réserve fédérale américaine. En effet, après avoir annoncé au moins quatre augmentations de taux pour cette année, elle a récemment changé son fusil d’épaule. Désormais, il est même question d’avoir des taux négatifs si le cas oblige. 

Face à une telle réalité, la Banque de Maurice s’est vue dans l’obligation de revoir ses ambitions de croissance. Elle table sur 3,8 % pour 2016. Un objectif jugé réaliste dans la conjoncture actuelle et légèrement moins optimiste que Statistics Mauritius. Mais ce qui est plus intéressant, ce sont les propos de Ramesh Basant Roi sur le secteur de la construction. Alors que toute la stratégie de relance du gouvernement a été construite autour de la mise en chantier des Smart cities, il est venu offrir une toute autre perspective sur certaines «croyances». 

D’abord, il dira qu’il y a une incompréhension autour du secteur de la construction à Maurice. Pour étayer ses dires, il cite l’exemple de la Chine.

«Voyez ce qui se passe en Chine. Les gens ont tendance à associer la présence de nombreuses grues à une économie en bonne santé. Ce qui n’est pas nécessairement le cas. Cela dépend. Si vous avez une croissance organique et que ces grues sont l’émanation de cette croissance, là c’est bon», fait-il ressortir.

Or, si vous le faites à la manière chinoise, c’est-à-dire construire uniquement pour le besoin de construire, c’est dangereux, surtout s’il n’y a pas de demande après la construction. D’où le problème de la Chine. Selon le Gouverneur de la BoM, l’un des gros problèmes de l’économie chinoise, c’est que ses banques se retrouvent avec des créances douteuses sur les bras pour avoir financé des bâtiments qui ne servent à rien aujourd’hui. 

«Vous devez donc être très prudents en parlant de la construction», prévient-il. 

Ce qui ne l’a toutefois pas empêché d’esquiver une question de Business Magazine qui cherchait à savoir si ses précieux conseils étaient aussi valables dans le cas des Smart cities. En guise de réponse, nous avons eu droit à : «Je n’ai pas vu les plans».

Qu’à cela ne tienne, les commentaires de Ramesh Basant Roi ont non seulement le mérite d’apporter un nouvel éclairage, mais ils reflètent aussi une certaine liberté de penser autrement. Cela semble être une marque de fabrique car il s’était également distingué lors du dîner annuel de la Banque de Maurice en invitant les politiciens à se tenir loin des instances de régulation et de supervision.