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Non à l’État-bourreau

29 février 2016, 07:36

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Non à l’État-bourreau

Par respect pour le droit humain le plus fondamental – le droit à la vie – il faut refuser de hurler avec les loups. Beaucoup ont cédé sous le poids de l’émotion depuis vendredi et réclament le rétablissement de la peine de mort. Si les dirigeants les suivent dans cette voie, le pays ira à contre-courant de la tendance mondiale.

Il est vrai que le double meurtre de Camp-de-Masque-Pavé a endeuillé toute la nation depuis vendredi. C’est un drame qui a déclenché une colère terrible, voire une rage. La situation qui en résulte fait naître un sentiment de revanche qui pousse de nombreux citoyens à réclamer, sur les réseaux sociaux et à la radio, le retour à la peine capitale. C’est l’arme préconisée contre les auteurs de crimes barbares.

Mais si nous faisons subir aux assassins le même sort que celui qu’ils réservent à leurs victimes, en quoi sommes-nous différents d’eux ? Quand on se laisse dominer, à ce point, par les instincts de vengeance, on franchit vite la frontière entre civilisation et barbarie.

Il existe un sentiment profond d’insécurité dans le pays, certes. C’est la conséquence de la montée de la criminalité sanglante ces dernières années. Cette inquiétude des Mauriciens se comprend. Par contre, il faut se méfier des solutions simplistes ou caricaturales au problème. Comme l’idée qu’il suffit de décapiter quelques meurtriers pour dissuader des criminels potentiels.

Le risque est grand que les dirigeants du pays, portés par la soif de vengeance populiste, finissent par réinstaurer la peine de mort. Une sanction extrême qui a été suspendue en 1995. La dernière exécution capitale remonte à 1987.

Si on n’y prend pas garde, le populisme et la lâcheté peuvent inciter nos dirigeants à réactiver cette loi dormante qui autorise l’État à tuer. Un acte qui nous renvoie à l’obscurantisme du Moyen-Âge.

Il est important d’apaiser une opinion publique exaspérée par la récente vague de crimes crapuleux. Mais cela ne peut se faire au moyen d’une législation qui confond justice et vengeance. Le recours à cette solution nous déshonorera.

Aucune loi, aussi répressive soit-elle, ne peut éliminer la petite et la grande délinquance. Donc cessons d’encourager ces fantasmes sécuritaires qui encouragent le durcissement pénal. Concentrons-nous plutôt sur les moyens d’aider les déviants à s’amender, à se réhabiliter. C’est le comportement propre à un peuple mû par une culture humaniste.