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Quel héritage ?

9 mars 2016, 13:15

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Quarante-huit ans se sont écoulés depuis que le quadricolore a remplacé l’Union Jack dans le ciel mauricien. Pourtant, malgré ce long cheminement côte à côte de toutes les composantes de la société, il est triste de constater que nous avons encore des réflexes qui relèvent d’un autre temps. 

L’heure de la remise en question a sonné depuis longtemps mais personne ne semble l’avoir entendue. Résultat : le pays se retrouve toujours bloqué à la croisée des chemins sans pour autant parvenir à décider de la meilleure voie à prendre. Le piège du revenu intermédiaire, vous en avez certainement
entendu parler. 

En décembre 2014, la population a donc fait le choix du changement en plébiscitant l’Alliance Lepep. Une décision largement motivée par la promesse d’un second miracle économique. Mais aussi par les engagements suivants : débarrasser le pays de la fraude, de la corruption et du copinage, faire du combat contre la pauvreté un acte sacré et s’assurer que prime l’égalité des chances. L’objectif ultime étant de créer une nation audacieuse résolument tournée vers l’avenir.

Ces engagements ont été pris, il y a de cela 14 mois, sur une caisse à savon.

Alors que le pays célèbre dignement, cette semaine, l’anniversaire de son accession à l’indépendance, il est utile de prendre un peu de recul par rapport à certaines croyances et autres idées reçues. Cela afin de se mettre dans de bonnes dispositions pour mieux se projeter dans l’avenir.

C’est d’ailleurs ce que nous avons proposé de faire à la quarantaine de guest writers dans le cadre de la publication de ce Business Yearbook. En d’autres mots, de think outside the box !

Tous sont unanimes sur un point : un changement de cap est plus qu’urgent. Mais force est de constater que pour y arriver, il est également nécessaire de faire évoluer les mentalités à tous les niveaux. Ce qui ne sera pas chose facile car les politiques ne sont pas d’une très grande aide. Au contraire, même la nouvelle génération de politiciens continue de perpétuer cette culture de roder boute qui gangrène le système, freinant davantage l’avancement du pays.

Sir Anerood Jugnauth saura-t-il renverser la vapeur ? Il s’est érigé lors des dernières consultations populaires comme l’homme providentiel capable de tirer le pays vers le haut. C’est une très lourde responsabilité et il est certainement conscient de la tâche qui l’attend. D’autant plus que le modèle économique est à bout de souffle avec une croissance stagnant sous la barre de 4 %.

Quelle est donc la meilleure stratégie de relance dans la conjoncture actuelle ? Il est permis de se poser la question face à la levée de boucliers contre la stratégie proposée dans le cadre du Budget 2015-16 et qui repose principalement sur les Smart cities. Si au moins il était question d’investissement productif, malheureusement tel ne semble pas être le cas. Le foncier continue, encore et toujours, de tenir la gageure. Même pour ce qui est des investissements directs étrangers.

Du coup, il n’y a aucun transfert de technologie et encore moins d’expertise. Comment alors ne pas comprendre ces entreprises qui insistent pour recruter de la main-d’œuvre étrangère afin d’assurer la production. Deux options s’offrent au pays aujourd’hui : trouver des boucs émissaires, comme cela a été toujours le cas pour justifier les failles et autres manquements ou s’affranchir des lobbies sectaires et des considérations bassement politiciennes qui ont préséance sur l’intérêt national.

Le Premier ministre, qui est désormais à un tournant de sa carrière politique, a toutes les cartes en main. En lieu et place de la très controversée Heritage City, il est en mesure de laisser un plus bel héritage. Celui d’une nation moderne où règnent le respect des droits des citoyens, la bonne gouvernance, la sécurité, l’égalité des chances et surtout dotée d’institutions solides et crédibles. C’est d’ailleurs la force de nos institutions qui a contribué dans le passé à cette performance économique exceptionnelle, qualifiée de miracle par d’autres.