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Duel au sommet
Des divergences de fond opposent le ministre des Finances à celui des Services financiers. Elles sont fondamentales. L’on aura tort de les minimiser. En fait, le fossé qui les sépare n’a cessé de s’élargir ces derniers mois au point que l’affaire s'ébruite désormais sur la place publique.
Cette confrontation entre les deux hommes, Vishnu Lutchmeenaraidoo et Roshi Bhadain, ne pouvait survenir à un pire moment pour le pays. Tandis que le ralentissement de l’activité économique inquiète l’opinion publique et que les projets annoncés démarrent beaucoup plus difficilement que prévu, l'édifice «Lepep», lui, commence à se fissurer. Or, c’est précisément durant la période de relance économique que l'unité parmi les dirigeants du pays est une nécessité absolue.
À ce stade, il est difficile de prévoir l’issue de la confrontation entre les deux ministres les plus influents du parti majoritaire du gouvernement. Le moment de clarification viendra quand le Premier ministre, ou le leader du MSM, se prononceront sur la lutte fratricide en cours. Pour l’heure, aucun des deux dirigeants n’a fait de commentaires sur la question.
Ce qui est sûr, c’est que la configuration actuelle n’est pas tenable. Lutchmeenaraidoo et Bhadain ont des visions du développement qui sont diamétralement opposées. Même en termes de culture politique, ils sont radicalement différents.
Le modèle économique prôné par le ministre des Finances vise à positionner Maurice comme une puissance régionale dans 20 ans. C’est une stratégie basée sur le long terme. De son côté, le ministre des Services financiers opte pour des projets qui permettent d'atteindre des résultats rapides, voire immédiats. Ces deux modèles économiques ne sauraient cohabiter pendant longtemps.
Deux événements récents ont accéléré la dégradation des relations personnelles entre les deux hommes.D’abord, il y a eu le désaccord sur le projet conjoint SIC- Yihai en vue de créer Pailles Smart City. Ensuite, il y a eu le sérieux revers enregistré par le ministre Bhadain pour le remboursement des clients de SCBG et de BAM depuis que la Banque centrale a réclamé le gel du transfert des avoirs de la Bramer Bank au NPFL. Ce gel profite en revanche à Maubank, institution que le ministre des Finances tient à cœur.
Il est trop tôt pour prévoir la suite des événements. Ce que l’on sait cependant c’est qu’un simple colmatage ne suffira pas pour remettre une «Alliance Lepep» unie sur les rails.
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