En ces temps de crispation politique, il était utile de rappeler la primauté de l’économie sur la politique. Dans son message à l’occasion de la Fête nationale, le Premier ministre n’a pas manqué à ce devoir.

 Tandis que la croissance patine, que le flux de l’investissement direct étranger se tarit et que les nuages s’amoncellent sur l’économie mondiale, les dirigeants du pays doivent, plus que jamais, donner la priorité à l’économie. Anerood Jugnauth a consacré, samedi, une large part de son allocution au redressement de l’économie.

Il a également évoqué des mesures radicales contre la criminalité et l’insécurité routière, mais le point focal de son discours était la croissance et la réduction de la pauvreté.

Anerood Jugnauth avait un ton résolument optimiste. Le pays s’est déjà bien engagé sur la voie du développement, a-t-il soutenu, et se dirige «vers un nouveau palier économique». Cependant, il va falloir davantage que de la rhétorique pour convaincre la population que la relance est entamée. Notre optimisme se fondera sur des signes tangibles, tels que des chantiers grouillants d’activité. Parmi les projets énumérés par le Premier ministre dans son message figure Airport City. Mais ce projet de développement foncier a été élaboré par Omnicane depuis longtemps. Il a tout simplement bénéficié du label «Smart City» depuis peu. Doit-on s’enthousiasmer pour cela ?

Quant aux initiatives prises par l’État, leur sort demeure incertain. On aurait pu donner le bénéfice du doute à la création de Heritage City, car c’est un dossier qui est piloté par un ministre qui sait faire avancer les choses rapidement. Mais les obstacles politiques seront nombreux dans ce cas.

Le MMM est déterminé à mettre des bâtons dans les roues. Dans sa campagne contre le transfert de la capitale administrative, ce parti n’a pas hésité à monter les habitants de Port-Louis contre Heritage City. Il s’élève contre le projet avec la même virulence que les Travaillistes s’étaient opposés au Illovo deal et à la création de la Cybercité, il y a quinze ans.

Ce ne sera guère plus facile de mener à bien le projet d’expansion du port. Déjà, les syndicats ont affiché la couleur. L’affrontement avec les défenseurs du statu quo s’annonce explosif. Quant au Couloir aérien qui vient tout juste d’être inauguré, il suscite beaucoup de scepticisme. Prendre conscience que c’est le développement économique qui conditionne tout le reste, ce n’est qu’une étape. La mise en oeuvre des bonnes intentions, c’est une autre paire de manches.