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Nou, ki nou ?
Qui sommes-nous pour nous insurger contre la levée de fonds entreprise cette semaine, en quatrième vitesse, à travers la vente de 45 % d’actions de la NIC pour Rs 2,5 milliards ? Après tout, une étude a été faite par la NIC, n’est-ce pas ? Et le board indépendant de celui-ci a été validé par le ministre de la Bonne gouvernance himself, diantre ! Si l’évaluation s’est arrêtée au chiffre de Rs 5,6 milliards, c’est qu’il y a, apparemment, eu un «goodwill» positif de créé depuis que la NIC a été mise sur pied. Un goodwill, ça ne vous semble pas positif ? Raisonnable ? Pourquoi aurions-nous des hésitations à croire des projections financières plutôt optimistes, alors que le socle sur lequel ces projections sont construites, les comptes audités, ne semblent pas avoir été mis à disposition de la SICOM ?
Après la saga BAI, il est d’évidence impensable que la NIC ne soit pas suffisamment capitalisée, comme requis par l’Insurance Act, et passablement mal luné de suggérer, comme le management de la SICOM citant QED, que les polices assurance-vie sont déficitaires de plus de Rs 2 milliards. Ne serait-ce pas de la mauvaise volonté évidente de notre part de poser la question de savoir si le Board de la SICOM a eu le temps de faire une étude indépendante, une due diligence, quoi, avant d’investir Rs 840 millions ? Après tout, la SICOM a déjà un bilan politiquement correct ayant, en son temps et avec d’autres directeurs indépendants, placé des dépôts de Rs 800 millions à la Bramer Bank à un moment où cela était nécessaire, et ayant soulevé la controverse en rachetant pour Rs 600 M, selon la formule Vente en État Futur d’achèvement, le bâtiment en construction de Rakesh Gooljaury à Ébène…
Qui sommes-nous pour suggérer que les Rs 2,5 milliards ainsi mobilisés à la SICOM, la SBM Holdings et la NPF (il semblerait que les 5 % initialement prévus pour MT aient été remises en faveur de la NPF ? Pression Orange ?), pour payer les obligations SCBG prises par le gouvernement au 30 juin prochain, sont, directement ou indirectement, de l’argent public ? Puisque ce serait contraire aux promesses faites.
Qui sommes-nous pour trouver bizarre que le ministre des Finances de notre pays, par ailleurs surmené, trouve le temps de planifier des investissements spéculatifs personnels dont l’hypothèse de base (la récession mondiale qui va doper le prix de l’or) ne va certainement pas aider ce qui était, jusqu’à lundi, ses ambitions nationales ? Pour nous ! Qui sommes-nous pour demander si, au point où nous en sommes, ce n’est pas plus «smart» pour le nouveau ministre des Finances d’emprunter quelques dizaines de milliards d’euros, en hypothéquant le pays tout entier, vous et moi compris et d’investir tout le paquet sur… l’or ? Après tout, ça nous vaudrait sûrement un «discount» par rapport au taux de 1,5 % de Lutchmeenaraidoo ? Du moins à la State Bank ? D’autant que maintenant, le précédent ayant été établi, on pourra être certain d’être totalement transparent sur la question et publier les contrats d’emprunt et d’investissement. Ne serait-on pas impertinent de suggérer qu’en parallèle l’on fasse du «hedging» approprié contre une baisse possible du prix de l’or ? Contre des investissements qui ne se matérialisent pas ? Contre la productivité qui stagne ? Contre la privatisation du port ?
Qui sommes-nous pour nous inquiéter que sir Anerood Jugnauth soit aujourd’hui responsable de diriger le pays en tant que Premier ministre (PM), mais aussi comme responsable de l’Intérieur, la MBC, l’ICTA, et, désormais, du ministère des Finances à la fois. Après tout, contrairement à ses prédécesseurs, y compris lui-même, il n’a pas la responsabilité de diriger son parti et cela lui laisse évidemment bien du temps. Surtout qu’à son âge, ça compte ! Tout se compte ! Ce qui ne saurait pas être inutile aux Finances…
Qui sommes-nous pour questionner les priorités nationales en terme d’infrastructures et de services publics ? Ça ne vous semble pas évident que Heritage City, son nouveau Parlement, ses nouveaux bureaux pour six ministères, ses fontaines rutilantes, son coin Bollywood sont une priorité évidente dans un pays, par ailleurs si bien équipé en hôpitaux, dont les écoles feraient pâlir d’envie la Finlande, dont les bazaars sont indescriptiblement «couleur locale» , dont les routes ne tolèrent aucun nid-de-poule, dont les transports publics sont d’une efficacité redoutable, dont les drains fonctionnent si bien qu’il n’y a plus de morts quand il pleut trop… Bref, un pays d’où les pauvres ont disparu, où l’on surfe allègrement au-delà de 10 Mbps, dont les logements sociaux débordent largement la demande, dont le réseau électrique ne tolère aucune vampirisation, dont les magistratures et les postes de police (les Casernes centrales et les locaux du CCID d’ailleurs !) sont clairement modernes et fraîchement peints, totalement équipés, affichant Internet et Skype qui fonctionnent, alors que leurs toilettes sentent clairement la rose.
Qui sommes-nous pour sentir monter la nausée quand l’ancien PM, la peste de décembre 2014, se met à critiquer le choléra ?Qui serions-nous pour ne pas être redevables de tant de bénédictions, de tant de mansuétude, de tous nos gouvernants depuis 48 ans comptés ?
Ingrats, va !
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