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Est-ce ainsi que les hommes vivent? *

27 mars 2016, 08:03

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Il y a, dans la vie, de nombreux items, certaines personnes et quelques principes où ce n’est que quand on les perd, qu’on a la confirmation qu’on avait, là… un essentiel ! Ce sont des items, des personnes ou des standards que l’on ne respecte ou ne soigne pas suffisamment et que l’on prend, malheureusement, pour des acquis. Pensez à l’air que l’on respire, à l’eau qui coule de nos robinets (quand ça coule…), au père ou à l’épouse que l’on côtoie au quotidien, ou à la liberté de penser et de dire. Gageons cependant que pour beaucoup, beaucoup trop de monde, l’item que l’on considère essentiel c’est tout bêtement l’iPhone 6 ou le Samsung Edge, la personne chérie c’est… soi-même et que le principe incontournable par excellence c’est… l’argent !

À ce titre, la décision presque instantanée du chef de l’État de demander au ministre Dayal de «step down» peut paraître normale et couler de source, mais le fait est que cela aurait PU se passer autrement. Cela aurait pu avoir été : «Government is government and government decides !», par exemple, suivi d’une déclaration de soutien indéfectible du PM à son ministre ! Dans ce cas-là, on aurait fait le constat que cette décence-là aussi, une de plus, avait disparu de nos acquis. Reconnaissons donc au moins le fait que le PM a pris la bonne décision, la décision d’honneur, la décision de principe, en cette circonstance.

Encore faut-il reconnaître qu’il n’échappera pas à la responsabilité de l’avoir nommé commissaire de police un jour en 1994, candidat à la législature en 2014, ministre de la République en décembre 2014. Démontrant en cela une incapacité à accorder le poids qu’il fallait ni à ses tendances mégalomaniaques évidentes, ni aux conclusions de la commission d’enquête Sik Yuen, qui laissaient pourtant déjà présager bien des choses. C’est vrai que Raj Dayal a toujours été un homme d’action et, à ce titre, il a été efficace. Cependant, le prix à payer pour cet homme très ambitieux s’est toujours révélé être particulièrement salé. Et risqué. Dont démonstration faite, cette semaine !

On ne sait pas si la remarque de son avocat, Ajay Daby, a l’effet que le PoCA ne protégeait pas assez les parlementaires et si son appel à ces derniers pour revoir cette loi en conséquence seront entendus. Mais ce qui est certain, c’est que la moitié de l’île Maurice qui a lu ou entendu les propos échangés entre Dayal et celui qui attendait son EIA qu’on ne «larguait» toujours pas, s’est déjà fait, avant toute conclusion de l’ICAC ou toute interprétation du PoCA, (actuel), une bonne idée de ce qui se passait effectivement…

Comme le bon sens populaire arrivait, il y a peu, à une conclusion impitoyable face au taux de 1,5 % pour le prêt en euros de Lutchmeenaraidoo contracté auprès de la State Bank. D’autant que, même si le prêt (redeemable, pref shares) envisagé par Heritage City est à plus long terme et en dollars, ce dernier, pourtant garanti par l’État lui-même, s’envisage a… 6 % !

Comme l’opinion publique ne comprend toujours pas comment on peut enfermer Ish Sookhun pendant dix jours, humilier Hassenjee Ruhomally, nu et à quatre pattes pour avoir dénoncé les factures impayées de Soodhun chez Apollo Bramwell, mais par contre libérer ceux qui coupaient les deux poignets d’Aslam Noursing, amoureux encombrant pour certains !

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Lu dans The Economist cette semaine, un constat stupéfiant sur les avancées du monde digital, comme ancré sur le développement des microprocesseurs, à la cadence de la loi de Moore, qui veut que la puissance des ordinateurs double chaque deux ans, sans augmentation de prix. On nous rappelle ainsi que c’est en 1971 qu’Intel, petite compagnie innovatrice d’alors, lance le 4004, son premier «chip». Celui-ci mesurait 12 millimètres carrés et contenait 2 300 transistors, l’espace entre chacun d’eux étant de la taille d’un globule rouge de sang. Le dernier microprocesseur d’Intel, le Skylake, affiche, 43 ans plus tard, 1.75 milliard de transistors, si minuscules qu’ils sont invisibles à l’œil nu, étant plus petits que la longueur d’onde de la lumière détectée par l’œil humain. Un transistor du modèle 4004 peut contenir un demi-million de transistors du type Skylake !

Passant de l’infiniment petit qui fait tourner notre monde, a l’infiniment grand du monde interstellaire, rappelons que la petite île Maurice est une foutaise de bout de terre de 1 800 kilomètres carrés, perdu dans un océan qui fait 40 000 fois sa taille, sur une planète qui peut contenir notre pays plus de 300 000 fois. Nous valsons autour du soleil, qui est à 150 millions de kilomètres de nous, à environ 107 000 kilomètres à l’heure et la rotation de la terre sur son propre axe fait que l’on «voyage» aussi, même assis, a environ 1600 km/hr à l’équateur. Pour bien fixer notre inconséquence, le soleil lui-même n’est qu’une étoile parmi plusieurs centaines de milliards d’autres se trouvant dans «notre» galaxie que nous appelons la voie lactée (https:// astrosociety.org/edu/publications/tnl/71/ images/milkyway_ill.jpg). Et l’on estime le nombre de galaxies a environ 100 milliards…

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Coincée entre les forces de l’infinitésimal et la vigueur du sidéral, la prétention de la puissance humaine ne paraît-elle pas absurde, voire insensée ? Serré entre l’ordre de l’imperceptible et celui de l’interplanétaire, l’ordre humain est-il à ce point faillible, qu’il doive être constamment ballotté d’une imperfection à une autre, d’un incivisme à un acte de corruption, d’un exemple d’avidité pathétique à un acte de violence dingue ? Notre devoir n’est-il pas d’assurer, journellement, un ordre humain à la mesure du monde réel extraordinairement bien fait, qui nous a engendrés ?

Qu’en pensent ces Messieurs qui nous gouvernent, qui dérapent souvent et qui nous déçoivent fréquemment ?

* Titre d’un poème de Louis Aragon