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Différencier le respect de la pitié
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Différencier le respect de la pitié

Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle autour de la suspension de l’athlète handicapée, Noémi Alphonse. Beaucoup se disent même émus par la vidéo de la jeune fille publiée sur la Toile. Du haut de ses 21 ans, la jeune fille déchaîne les passions. Elle est au centre de moult débats sur les réseaux sociaux. Son handicap et les difficultés qu’elle rencontre au quotidien ont touché le cœur des Mauriciens.
Néanmoins, la réalité à laquelle elle se heurte n’est pas seulement la sienne. Elle est également celle de plusieurs autres handisportifs comme Brandy Perrine, Cédric Ravet et Scody Victoire, entre autres. Ces sportifs handicapés, comme les valides, caressent le même rêve : celui de devenir des héros nationaux. Pour cela, ils le savent, il n’y a pas d’autres chemins que celui de l’entraînement. Pour briller au plus haut niveau, même le plus talentueux de sa discipline doit accepter de faire des sacrifices, de persévérer et aussi d’avoir une bonne dose de patience.
Sur les réseaux sociaux, Noémi Alphonse est décrite comme une héroïne. Elle l’est sûrement. Sa détermination à se battre force le respect. Qui plus est, elle dit ne pas se battre que pour elle mais pour sa camarade d’entraînement, Anaïs Angéline. Alors pourquoi ne lui accorde-t-on pas ce qu’elle demande ?
Cette question mérite d’être posée. Elle pourrait aussi lancer un nouveau débat : «Est-ce le rôle d’un athlète de choisir ceux qui devraient faire partie d’une sélection nationale ?» Si oui, alors quel est le rôle des fédérations sportives, des sélectionneurs et des éducateurs ? Autre question : un entraîneur personnel doit-il accompagner son athlète si ce dernier est sélectionné en équipe nationale aux frais des contribuables ?
Noémi Alphonse a, certes, de bonnes intentions mais le respect dans le sport se gagne sur le terrain et non sur les réseaux sociaux. La jeune fille a, certes, réalisé une belle performance en Italie en 2015. Mais le nombre de followers est-il désormais un critère de sélection en 2016 ?
Car sur le 1500m fauteuil, elle compte une sérieuse rivale en la personne de Brandy Perrine. Beaucoup plus discrète, cette dernière l’avait surclassée lors de la compétition de sélection pour les JIOI 2015. À la Réunion, Brandy Perrine n’a pas craqué, elle avait même remporté l’épreuve.
Tout comme Noémi Alphonse, Brandy Perrine est handicapée. Â,gée de 17 ans, elle fait face à la même réalité. Pourtant, personne ne s’émeut de son sort. Elle persévère, loin des feux des projecteurs et fait partie du cercle privilégié des boursiers de la High Level Sports Unit. Cette récompense, elle l’a acquise de haute lutte, en ramenant l’or de la Réunion. Comme l’athlète Cédric Ravet et le nageur Scody Victor de Magic Parasports Club.
Après un premier passage dans le haut niveau, Brandy Perrine a continué à travailler. À Dubaï, il y a une semaine, elle a amélioré son temps sur trois distances. Sur 1 500 mètres, elle compte un meilleur chrono (4:50.42) que celui réalisé par Noémi Alphonse au Grand Prix d’Italie en 2015 (4:54.88). Mais malheureusement, peu de gens parlent d’elle sur les réseaux sociaux. Sa discrétion n’émeut pas. Mais son choix de faire primer ses résultats sur son handicap m’inspire un seul mot : RESPECT.
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