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Mirages
À trop fantasmer, notre imagination peut parfois nous jouer de vilains tours. Tel est le cas avec la reprise économique. Ceux qui se sont laissé bercer par les doux propos rêveurs d’une croissance de 5,3 % d’ici à la fin de juin et le plein-emploi l’année prochaine – expliquant leur optimisme béat – ont pris un seau de glace à la figure, la semaine dernière, avec la publication des comptes nationaux.
L’économie mauricienne a crû de 3,1 % et le chômage a progressé pour atteindre 7,9 % en 2015. Une performance qui, au besoin, vient rappeler l’ampleur de la tâche à accomplir pour se rapprocher de l’objectif de 5 % de croissance que le gouvernement s’est fixé lors de la prise du pouvoir en 2014. Car quinze mois après, le moteur de la croissance demeure toujours bloqué sous la barre de 3,5 %.
Pire, le quatrième trimestre, réputé pour être le plus dynamique de l’année, a vu une progression du Produit intérieur brut (PIB) de seulement 2,6 %, contre 3,5 % au trimestre précédent et 3,7 % lors de la période correspondante en 2014.
En attendant qu’ils prennent la mesure du travail à abattre pour donner un nouveau souffle à l’économie, les gouvernants gagneraient à changer de langage en optant pour celui de la vérité. La réalité, nous la vivons au quotidien à travers les chiffres, comme ceux publiés par l’institut des statistiques, mais les politiques ont une fâcheuse tendance à les escamoter en jouant aux illusionnistes. Ce qui n’est pas sans conséquences. Une crise de confiance est souvent au bout du chemin.
Il faudra donc commencer par dire à la population qu’une expansion du PIB de 5 % n’est pas pour demain. À en croire le Fonds monétaire international, même pas pour 2020. Pourquoi alors placer la barre aussi haut ? La question se pose. Car, comme l’a récemment souligné l’économiste Pierre Dinan : «On a tellement remué de la boue qu’il n’y a pas de place pour semer». Allusion est ici faite à l’affaire BAI – qui a tenu le pays en haleine pendant des mois – et à la campagne de «nettoyage» entreprise par la coalition dirigeante depuis son accession au pouvoir. Conséquence : l’estimation de croissance pour 2015 est abaissée de 0,3 point.
Aux États-Unis, l’apparente reprise présentée par l’administration Obama est également remise en question. Dans un article publié sur le site WND Money, Jerome Corsi démasque «l’escroquerie» sur la reprise économique. En neuf graphiques, il explique qu’Obamanomics a contribué à augmenter dramatiquement les dépenses des ménages et la dette publique. De plus, de nombreux Américains ont, selon lui, déposé les armes et ne sont plus activement à la recherche d’un emploi, permettant ainsi aux services de l’emploi de publier des chiffres du chômage artificiellement bas.
Décortiquant les politiques du président Obama, l’auteur révèle en outre que les food stamps (aides alimentaires) ont considérablement progressé entre 2009 et 2014. Elles sont passées de $ 54,8 milliards à $ 69,4 milliards. Le revenu médian des ménages est aussi en recul. Idem pour le taux de propriété qui, selon le Wall Street Journal, était au plus bas depuis 48 ans au deuxième trimestre de 2015.
Pour couronner le tout, certains analystes estiment avoir décelé des signes pouvant indiquer que l’économie américaine se dirige vers une récession. Ils citent à ce propos l’affaiblissement de la profitabilité des entreprises. Celle-ci a décliné de $ 64 milliards en 2015 alors qu’elle était en hausse de $ 35 milliards une année auparavant.
Dans la zone euro, le coeur n’est pas à la fête, non plus. L’indicateur de confiance, en repli pour le troisième mois consécutif, est descendu, en mars, à son plus bas niveau depuis un an. La boucle sera bouclée avec une nouvelle révision à la baisse des estimations de la croissance mondiale par le Fonds monétaire international dans quelques jours.
Autant de raisons qui devraient inciter à éviter des effets d’annonce !
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