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Le maillon faible
Maintenant qu’il a aussi la responsabilité du portefeuille des Finances et du développement économique, le Premier ministre a non seulement sous les yeux le tableau de bord de l’économie mais il a également la possibilité d’imprimer plus facilement sa marque. Sa posture lui confère aussi toute la latitude pour prendre personnellement le pouls des intervenants du marché et changer à sa guise d’orientation si d’aventure il juge que celle choisie – par celui qui l’a précédé au Trésor public – ne mènera pas au «miracle».
Nous devrions être fixés dans quelques semaines. En attendant, les premiers commentaires lors des consultations pré-budgétaires jettent un éclairage sur l’analyse de sir Anerood Jugnauth de la situation économique. «Nous traversons une mauvaise passe», dit-il sans pour autant céder au pessimisme.
Le ministère des Finances qu’il dirige désormais est également conscient des défis que nous impose l’environnement économique global précaire. C’est d’ailleurs avec en toile de fond les risques baissiers qui pèsent sur plusieurs économies moteurs de croissance mondiale que se prépare actuellement le Budget 2016/17.
Alors que le pays est en attente des prescriptions du nouveau Grand argentier pour l’année fiscale 2016/2017, les premiers éléments émanant du Trésor public font état d’une marge de manœuvre restreinte. Au banc des accusés : la dette publique. Considérée comme étant trop élevée par rapport aux dispositions de la Public Debt Management Act, il est estimé que la mise en application du rapport du Pay Research Bureau (PRB) ne fera qu’alourdir le fardeau.
Face aux syndicalistes, le chef du gouvernement ne s’est pas privé pour faire part de ses inquiétudes. «Le pays est trop endetté. Nous avons franchi le seuil autorisé par la loi. Si nous continuons d’augmenter le niveau de la dette, ce sera catastrophique», prévient-il. Qui plus est, le pays ne veut nullement prendre le risque de se faire taper sur les doigts par les bailleurs de fonds.
Pour éviter un tel scénario, les différents ministères ont été invités à accorder priorité à des projets pouvant avoir un impact non négligeable sur la croissance. Nous devons malheureusement ajouter que c’est sans réel succès jusqu’ici. Comment expliquer ce manque de réussite à gagner des points de croissance ? La réponse se trouve dans la circulaire du Budget 2016/2017. En invitant les départements gouvernementaux à «streamline internal rules and processes to improve ease of doing business and to enhance capital project planning and management for timely completion of project within budget», le ministère des Finances braque, pour la énième fois, les projecteurs sur un phénomène qui ne cesse de miner les perspectives de croissance.
Les goulets d’étranglement à différents niveaux freinent l’exécution des décisions tandis qu’une mauvaise – voire l’absence de – planification empêche une mise en chantier efficace des projets d’investissement. Des épines que ceux qui se succèdent à l’Hôtel du gouvernement peinent à extirper.
Or, dans la conjoncture économique actuelle, c’est justement à ce niveau que les pouvoirs publics doivent impérativement intervenir pour espérer dégager la marge nécessaire à la relance de l’économie. Le Pr Lyal White, directeur du Centre for Dynamics Markets of the Gordon Institute of Business Science de l’université de Pretoria, abonde dans le même sens. Il constate que Maurice ne dispose pas d’une «strong technocratic class». Un ingrédient vital dans la planification et la mise en application des politiques économiques.
Et d’ajouter, avec raison, que le pays est obsédé par la quête du bon modèle mais ce faisant, Maurice passe à côté de l’essentiel. «You forget about the people implementing the plans», fait-il remarquer. En d’autres mots, l’intendance ne suit pas ! De quoi apporter de l’eau au moulin de ceux qui réclament une refonte de la fonction publique, surtout à un moment où le rapport du PRB fait débat.
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