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Colourable device
L’affaire Choomka a scandalisé l’opinion publique. Une triple enquête a été ouverte pour éclaircir les circonstances dans lesquelles elle est passée de la présidence à la direction de l’IBA, triplant dans la foulée son salaire. Les faits reconnus par les protagonistes de l’affaire indiquent déjà que Youshreen Choomka a agi au mépris des principes fondamentaux de bonne gouvernance.
À ce stade, trois instances distinctes enquêtent sur le dossier controversé. Après l’Equal Opportunities Commission ce fut au tour de l’ICAC, puis du Bureau du Premier ministre de se pencher sur ce cas unique dans les annales – un président qui postule pour un poste de directeur dans son propre organisme. Bien entendu, seul un tribunal peut décider s’il y a infraction à la loi ou pas, mais pour sauvegarder la moralité publique, un geste d’honneur était attendu de l’incriminée.
Pourtant, Choomka reste accrochée à son poste. Quand ce sont des politiciens qui sont mis en cause dans des affaires semblables, leurs adversaires s’empressent de réclamer leur démission immédiate. En revanche, dans ce cas, l’opposition n’a pas estimé opportun d’exiger sa démission, ni même sa suspension. Pourquoi les mandarins de la fonction publique ou parapublique devraient-ils bénéficier de plus de considération que les politiciens quand ils sont soupçonnés de conflit d’intérêts allégué ?
Il n’y a pas de parallèle entre l’affaire Choomka et les nominations entachées de favoritisme qui ont défrayé la chronique récemment. Ici, il n’y a pas d’ingérence alléguée de la part d’un ministre quelconque. Il est plutôt question d’un procédé concocté pour que la présidente puisse accéder à la direction de l’IBA en affichant une transparence de façade. Un procédé cousu de fil blanc, qui laisse deviner un «colourable device», pour reprendre une métaphore juridique rendue célèbre dans les années 90.
Revoyons la chronologie des événements. L’IBA lance un appel à candidatures pour le poste de directeur. Choomka figure parmi les candidats. L’exercice est stoppé avant son terme. Le Board confie le recrutement à une firme privée. Celle-ci fait publier un avis où il est fait mention d’un «régulateur» engagé dans le «broadcast». Choomka ignore qu’il s’agit de l’organisme qu’elle préside. Elle postule et, bingo, décroche le poste
Dans cette saga, on peut aussi s’interroger sur le rôle du PS Jugdish Dev Phokeer. Il est membre du conseil d’administration de l’IBA et avait eu accès 48 heures à l’avance aux questions qui devaient être posées lors de l’entretien d’embauche. Au mieux, il y a manquement à l’éthique. Au pire, son cas est susceptible de provoquer une enquête sous le PoCA.
Tout cela compromet gravement l’image du régulateur. Pour une institution comme l’IBA, dont l’appellation elle-même souligne le caractère indépendant, il est vital que la directrice soit comme la femme de César, c’est-à-dire irréprochable. Choomka ne l’est pas, pour l’heure.
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