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Questions censurées
C’est une sortie de crise qui n’arrange que les dirigeants du pays. Le duel opposant le ministre Collendavelloo au député Jahangeer a connu, hier, un dénouement qui n’est pas dans l’intérêt de la transparence. Il épargne aux membres de la majorité la peine d’avoir à se donner en spectacle au Parlement, mais, en matière de bonne gouvernance, c’est un recul.
Le député du MSM a accepté de retirer sa question sur les nouvelles turbines à gaz. Il aurait voulu savoir si l’appel d’offres portant sur ce projet était taillé sur mesure pour exclure certains opérateurs.
Son geste va dans le sens de l’apaisement souhaité par l’Alliance Lepep mais heurte les normes de transparence. Car une interpellation parlementaire reste, en l’absence d’un Freedom of Information Act, le seul moyen de faire disparaître les zones d’ombre dans les contrats publics.
Ni son lyrisme, ni son emportement ne pourront aider le ministre à convaincre l’opinion publique que tout se fait dans le respect des principes régissant les marchés publics. C’est seulement en répondant à toutes les interpellations, qu’elles émanent de têtes fêlées ou de têtes raisonnées, qu’il peut dissiper les doutes du public.
L’énervement d’Ivan Collendavelloo est injustifiable. Il est vrai que ceux qui l’interpellent n’ont pas forcément des intentions sincères. Il y a des agents de firmes étrangères frustrés de voir le contrat leur échapper qui vont lui mettre la pression. Il y a des adversaires politiques qui chercheront à bloquer ces turbines afin de tirer un capital politique en cas de black-out. Mais un ministre, ça garde son sang-froid.
Le ministre de l’Énergie et des services publics doit comprendre que l’opinion publique est échaudée par une précédente saga autour des turbines à gaz. C’est pour des irrégularités concernant l’achat d’une turbine à gaz précisément qu’Anerood Jugnauth avait révoqué en 1994 son ministre de l’Énergie d’alors, Mahen Utchanah.
Ivan Collendavelloo n’a pas besoin de censurer ses collègues de la majorité, ni de s’énerver devant les innuendos malveillants. Il y a une explication à tout. Par exemple, le «rush» dont parle le leader de l’opposition pour lancer l’appel d’offres n’est que la suite d’une recommandation de la Banque mondiale. Si le ministre se résout à répondre à ses détracteurs ceux-ci pourront être victimes de l’effet boomerang.
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