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Une grève inutile
Il y a un paradoxe et un faux problème derrière la grève qui a paralysé des collèges privés hier. Rien de concret ne peut justifier ce mouvement d’humeur lancé par le syndicat UPSEE. Il est malheureux que des banales querelles viennent remettre en cause le sort d’un beau projet éducatif, le Nine- Year Schooling (NYS). Un projet qui vise l’élimination d’une «rat race» qui a martyrisé plusieurs générations d’enfants mauriciens.
Le paradoxe, c’est que la résistance à la mise en oeuvre du cycle de neuf ans de scolarité obligatoire est venue des enseignants du secondaire. L’on s’attendait à ce que ce projet suscite une vive contestation parmi les instituteurs avec la disparition des leçons particulières au niveau du cycle primaire. Pas du tout. Ce sont principalement les enseignants des collèges MEDCO qui sont les plus remontés contre la réforme. Ces établissements étaient les plus affectés hier par la grève.
Double paradoxe. Ces enseignants grogneurs sont eux-mêmes considérés comme les privilégiés du système. Beaucoup d’entre eux ont intégré le circuit MEDCO après la fermeture du collège privé où ils travaillaient. Ils ont retrouvé un emploi dans un collège d’État en dépit du fait que leur collège a fermé ses portes pour cause de sous-performance.
Voyons maintenant la raison qui est invoquée par les syndicalistes pour justifier le mouvement de grève déclenché hier. Ceux-ci soutiennent que le NYS va provoquer la fermeture d’un grand nombre de collèges privés et que cela entraînera des pertes d’emplois. Les enseignants des collèges les moins réputés ont réagi de manière émotionnelle à cette campagne. Ils se sont alarmés de la présumée menace que représente le NYS. En particulier, leurs dirigeants syndicaux leur ont dit que la création des «Academies» et l’abolition de l’enseignement préprofessionnel (le prevoc) vont provoquer des redondances, voire des licenciements.
C’est un faux problème. La ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun a maintes fois expliqué que les enseignants des «prevoc» seront tout simplement réaffectés à d’autres tâches. Aucun d’entre eux ne sera licencié.
Quant aux nouvelles «Académies», elles permettront à la PSSA de soulager les classes surchargées dans les collèges privés. En clair, les effectifs d’enseignants ne seront pas réduits mais le nombre d'élèves par classe le sera.
Visiblement, certains enseignants n’ont pas bien retenu la leçon. La ministre devra la répéter autant de fois qu’il le faut pour que chacun comprenne bien qu’aucun emploi n’est menacé avec le NYS. Maurice a une chance d’en finir avec un système qui condamne à l’échec plus de 40 % des enfants. Ne la gâchons pas.
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