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Désillusions
Le Premier ministre a raté, hier, une occasion de changer l’humeur maussade de la nation. Chaque année, le cérémonial d’usage rend le pays attentif aux messages que lui adressent ses dirigeants lors de la Fête du Travail. Anerood Jugnauth n’a pas saisi cette opportunité pour remonter le moral de la nation.
Le chef de gouvernement pouvait profiter de la tribune qui lui était offerte afin de réitérer l’intensité de son engagement à redresser l’économie. Il pouvait appeler la population à se retrousser les manches. Or, il a passé les deux tiers de son temps au micro à parler de ses adversaires politiques. Agressif à l’extrême, il a même dénoncé en des termes peu diplomatiques le département d’État américain.
Ce n’est pas en ressassant le présumé libertinage du leader du PTr ou en dénigrant les postures creuses de celui du MMM qu’il parviendra à susciter l’adhésion de la population à sa politique de reconstruction. On ne peut pas revenir sans cesse sur le passé quand on dirige un pays. Il y a un avenir à construire ensemble avec la population.
D’autant que le Premier ministre a répété des faits connus sur la vie de Ramgoolam. De sa «girlfriend» irlandaise à son amie de Carreau-Laliane, ses frasques, réelles ou alléguées, ont constitué l’ossature des discours de bien des campagnes électorales. Mais, là, on n’est pas en campagne. Les préoccupations du pays sont ailleurs.
Les statistiques du chômage, de l’endettement et de l’investissement donnent froid dans le dos. Les professionnels de l’agitation ne manqueront pas de les exploiter pour nourrir l’esprit revendicatif des Mauriciens et allumer la braise qui couve.
Les manifestations et mouvements d’humeur de ces dernières semaines sont liés au sentiment que rien n’a été fait en seize mois et qu’il n’y a pas de raisons d’espérer, non plus. C’est aux dirigeants de nous en donner.
Certes, personne ne s’attendait à ce que le Premier ministre dévoile les mesures du Budget qu’il présentera le mois prochain, mais il aurait pu au moins faire le point sur les grands projets annoncés au début de son mandat : smart cities, port, économie océanique, etc. Même s’il avait admis que son gouvernement n’est pas en mesure d’honorer certaines promesses faites à la hâte en 2014, il s’en serait sorti avec honneur. La population aurait pris cela pour un gage de sincérité.
Sauf si le Premier ministre et ministre des Finances sortira un lapin de son chapeau lors de la présentation de son Budget et change la donne, l’avènement du second miracle économique restera illusoire.
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