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Vendeurs de rue
La ville de Port-Louis commençait à prendre des allures de bidonville. La spirale ne semblait pas vouloir s’arrêter. Chaque jour, la capitale était plongée dans un désordre encore plus infernal que la veille. Des marchands de rue installaient leurs échoppes de fortune sur les trottoirs des rues populeuses. D’autres étalaient leurs marchandises carrément sur la chaussée. Piétons, automobilistes et commerçants en avaient le ras-le-bol de ce souk. Ils souffraient en silence.
Puis il y a eu l’opération Tornado. Un coup de force qui a redessiné le paysage urbain. Désormais, le décor cauchemardesque de Port-Louis fait partie de l’histoire ancienne.
Vidé de ses marchands ambulants, le centre-ville s’est profondément transformé. Ce lieu autrefois insalubre, où piétons et automobilistes étaient contraints de venir à bout d’un labyrinthe bien tortueux pour circuler, est redevenu un centre urbain bien organisé, propre et attrayant. Le cadre de vie des usagers et des résidents s’en trouve rehaussé. De plus, cette attractivité nouvelle donnera à Port-Louis de meilleures chances d’intéresser les investisseurs au projet de Smart City.
Quiconque a visité la ville ces derniers jours en empruntant la Place de l’Immigration, La Chaussée, la rue Poudrière ou la rue John Kennedy a pu vérifier que la magie s’est bien opérée. La capitale est méconnaissable.
Pourtant, cela ne nécessitait pas de grands moyens pour trouver une solution. Deux sites convenables avaient été identifiés depuis longtemps. Il suffisait de les doter d’infrastructures sommaires, mais praticables, pour arriver à libérer les espaces publics occupés par les colporteurs. Ce qui a manqué au précédent gouvernement pour stopper cette activité illicite qui défigurait la ville, c’est surtout le courage politique.
Cette première victoire acquise, il faut maintenant que le gouvernement s’attaque à une autre catégorie de vendeurs de rue. Ceux-là peuvent causer un préjudice encore plus grave car ils représentent une menace à la santé publique. Il s’agit de marchands ambulants de nourritures rapides. Ils servent des repas à partir d’échoppes improvisées ou de camionnette réaménagée. En général, l’inspectorat sanitaire ne les voit pas et ne constate jamais le manque d’hygiène autour d’eux. La fumée des véhicules, les bactéries qui pullulent et les excréments des pigeons ne semblent déranger personne. Ni même ceux qui sont chargés d’appliquer le Food Act.
Si l’État réagit enfin, la résistance sera vive. Des politiciens en mal de popularité soutiendront les hors-la-loi. On se souviendra, par exemple, de cette ancienne députée qui était intervenue en 2012 pour protéger un marchand de briani accusé d’opérer illégalement sur la route Royale, à Quatre-Bornes. Après les marchands de rue, le gouvernement osera-t-il éliminer la cuisine de rue ?
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