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Force inutile

11 mai 2016, 07:40

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Force inutile

 

Un vif débat a lieu en ce moment sur la dépénalisation du cannabis. Cela fait suite à la manifestation organisée par la communauté des Rastas vendredi. Si le pays est prêt pour une confrontation des points de vue sur cette question qui divise profondément, tant mieux. Mais ce débat semble occulter un phénomène tout autant grave et lié aux événements qui se sont déroulés au jardin de la Compagnie la semaine dernière. Il s’agit de l’usage disproportionné de la force par la police à l’encontre des manifestants inoffensifs.

Les images de cette opération musclée, publiées par les médias ou diffusées sur Internet, interpellent fortement. Personne n’y est resté indifférent, parce que la police n’avait pas de raison de s’emporter. Il a suffi qu’une quarantaine de rastas se réunissent autour d’un plant de gandia pour énerver la police à ce point ! À aucun moment, les manifestants n’ont menacé la sécurité des biens et des personnes.

Les adeptes de rastafari accomplissaient leur rituel dans un lieu public parce qu’ils voulaient rallier l’opinion publique à leur cause. C’est leur façon de mener campagne. Au nom de la liberté d’expression, l’État se doit de respecter le droit de ces paisibles citoyens d’exprimer leur opinion «par quelque moyen d’expression que ce soit».

Plusieurs unités de police, dont la brigade antidrogue et la Special Supporting Unit, munies de bombes lacrymogènes et de matraques, sont entrées en action. Les manifestants et les curieux qui se trouvaient sur les lieux en ont été victimes. Ces brutalités alléguées pourront faire l’objet d’une plainte contre l’État, a-t-on appris hier.

La question n’est pas de savoir si les manifestants étaient en situation illégale ou pas. Il faut plutôt se demander si la police avait d’autres options que la méthode forte pour disperser la foule et mettre fin à l’action des manifestants. Parfois, la parole et la souplesse sont plus efficaces que la force. À cet effet, un manuel de psychologie des foules serait utile aux policiers.

Aucun citoyen responsable ne blâmera une police soucieuse d’assurer la sécurité publique et le respect des lois. Mais quand cette police utilise une force déraisonnable pour réprimer des citoyens qui défendent leur choix de mode de vie, il y a lieu de réclamer des comptes.