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Le dernier baiser
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Cela n’a duré que quelques fractions de seconde, mais l’image, immortalisée par le photographe de La Sentinelle, Yudish Ramkhelawon, restera dans les annales et dans les archives – et sur Internet aussi longtemps qu’Internet existera.
Le baisemain, coutume ancienne, vient d’être remis au goût du jour par Roshi Bhadain. Ce geste, s’il est bien fait, est beau, et revêt une importance certaine. Historiquement, on retient l’image du vassal qui baisait la main de son seigneur au Moyen-Âge, et du croyant qui baise encore aujourd’hui l’anneau épiscopal. Puis, au fil des siècles, c’est devenu une pratique plus répandue, moins secrète. Et les hommes, en société, ont commencé à baiser la main des femmes en signe d’hommage. Toutefois, il est à noter qu’il est inconvenant de le prodiguer aux jeunes filles en fleur
Mais, à bien voir, ce n’est pas vraiment un baisemain. Pour au moins deux raisons. Primo, le baisemain ne se fait qu’à une femme ou à un ecclésiastique, ou à un parrain de la mafia. Deuxio, tout l’art du baisemain consiste, pour l’homme, à se pencher (oui, le protocole exige de ne pas lever la main que vous voulez baiser mais de s’incliner jusqu’à elle !) et à effleurer la main de la dame de ses lèvres en faisant mine de l’embrasser. Et non pas comme le fait Roshi Bhadain, qui pose un gros baiser (mouillé ?) sur le poignet de Pravind Jugnauth.
La photo, publiée en Une de l’express jeudi, et qui depuis fait le buzz au Parlement et dans la rue, est digne d’une scène d’un film-culte de Coppola, «Le Parrain».
Ceux qui ont étudié la sémiologie de l’image vous diront qu’une photo cache beaucoup d’informations. Il faut donc savoir analyser l’image pour en saisir tous les sens.
Si on regarde bien la photo, on verra que Bhadain se soumet à Jugnauth jr mais que la main de ce dernier reste affligée, ne se refermant pas sur celle de Roshi Bhadain. Il y a comme un refus de l’allégeance ainsi exprimée. Il y a donc quelqu’un qui veut, et l’autre qui ne veut pas. À ce moment précis, le quémandeur sait qu’il n’est plus le maître de la situation…
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