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Un ingénieur dans la mêlée
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Un ingénieur dans la mêlée
En nommant Amoordalingum Pather à la direction de la MBC, le Premier ministre n’a pas fait un choix politique. Le nouvel homme fort de l’audiovisuel public n’a pas la réputation d’être un zélote qui ne cherche qu’à plaire à ses maîtres politiques. On ne peut parler, dans son cas, de nomination clientéliste ou partisane. Au contraire, tout indique que le choix de cet ingénieur, qui possède une vaste expérience dans le secteur, s’est fait sur des critères de compétences.
Mais, il n’en demeure pas moins que ses compétences se limitent au domaine technique et administratif. Une situation qui fait naître quelques inquiétudes. Car, vu la complexité des tâches qui l’attendent, les qualités qu’on lui reconnaît ne suffisent pas pour corriger les manquements de la MBC.
Avoir à sa tête un professionnel qui maîtrise les enjeux techniques de l’audiovisuel est sans doute un atout pour la station nationale. Mais le principal reproche qui est fait à la MBC est lié au traitement partisan de l’information politique à la télévision. Pour régler ce problème, le nouveau directeur doit exercer son sens de la communication et, surtout, être apte à gérer le lobbying des politiques et des socio-culturelles.
Le problème le plus sérieux de la MBC, ce n’est ni le bilan financier déficitaire, ni les recrutements massifs de l’ancienne direction. En premier lieu, son mal relève d’une question démocratique, de pluralisme. Le nouveau directeur-général doit s’assurer que l’audiovisuel public permette enfin une information équilibrée, un débat démocratique et un accès équitable aux partis d’opposition. Bref, que la télévision publique ne soit pas la «chose» des dirigeants du pays.
Il s’agit de réinventer le service public trop longtemps utilisé comme un relais des gouvernants du jour. La mainmise gouvernementale a eu pour conséquence l’exclusion de tout débat contradictoire à la MBC. Si les partis d’opposition ne veulent pas confronter les dirigeants de la majorité, d’autres options sont envisageables. La MBC peut faire appel aux voix critiques qui ne manquent pas de se manifester dans la presse et sur les réseaux sociaux.
La nouvelle direction de la MBC a indiqué que sa priorité est d’assurer la retransmission des grands événements sportifs. Ce n’est pas de bon augure. La mission d’un service public audiovisuel se définit à travers la diversité de son offre. Outre le loisir, une station nationale doit assurer un service d’information et de culture. Sa stratégie doit être centrée sur l’éducation et la connaissance tout autant que sur les loisirs.
Depuis 50 ans, les dysfonctionnements de l’organisme de service public sont connus. L’avenir nous dira si l’ingénieur Pather, ayant plusieurs cordes à son arc, pourra le sortir de son état moyenâgeux.
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