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CHAGOS : au nom des FAITS
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CHAGOS : au nom des FAITS
D’emblée un fait indéniable : le litige anglo-mauricien sur les Chagos est une réalité dont la complexité pourrait nous échapper si on ne s’attarde pas suffisamment aux faits historiques (donc chronologiques) entourant l’excision de l’archipel du territoire mauricien, qui trouve ses origines à Londres en 1965. Ce différend à multiples facettes (territoriale, juridique, politique, géopolitique et économique) doit être, lui-même, mis en contexte par rapport à une double toile de fond qui a redessiné notre monde post-1945 : 1) la guerre froide et 2) les décolonisations africaines.
Au-delà de son aspect territorial, aspect qui a toujours généré des conflits entre peuples et pays, il y a une question, qui doit être tranchée juridiquement – car les efforts diplomatiques ont été depuis le début des années 1980 que des «coups d’épée» dans les eaux stratégiques de l’océan Indien. Cette question juridique est la suivante : à qui appartiennent les Chagos ? À la Grande-Bretagne (le géant Goliath) qui affirme les administrer depuis 1810 ou à Maurice (le petit David) qui clame sa souveraineté depuis 1982 ?
C’est précisément pour inviter au débat sur les faits historiques (qui demeurent encore flous) que l’express a choisi de consacrer, tous les jours, une page au volumineux dossier Chagos, en nous appuyant, entre autres, sur les recherches de Jean-Claude de l’Estrac, dans le cadre de la publication de son ouvrage de référence, «L’an prochain à Diego» – voir un extrait en page 7. Les faits sont, pour nous, journalistes, sacrés. On peut débattre ensuite de leur interprétation mais, à la base, ils sont têtus, indéniables, et ils doivent être connus, vulgarisés, questionnés, pour qu’on progresse dans le débat pour retrouver notre souveraineté sur les Chagos.
On est réaliste, pas forcément pessimiste. La route pour planter le quadricolore sur les Chagos est longue et surtout parsemée d’embûches et de pièges (dirty tricks). Il faut s’y préparer par conséquent. Les faits que nous mettons en lumière peuvent être commentés, contestés, mais il est de notre devoir patriotique de veiller à ce que l’on soit bien préparé dans notre stratégie de reconquête des Chagos, relancée par la prise de position ferme de sir Anerood Jugnauth, en guerre contre les perfidies britanniques et américaines. C’est son combat ultime comme chef de gouvernement.
À cet égard, nous voulons, aujourd’hui, nous attarder sur une contribution de Sydney Selvon, ancien rédacteur en chef du Mauricien et, plus récemment, ancien attaché de presse de Raj Dayal, qui, dans un courriel amical et invitant au dialogue, souligne qu’«il est inexact et extrêmement grave de dire que Maurice a vendu les Chagos (…) Cela est interdit dans le droit international depuis que la notion de self determination (auto-détermination) a été érigé en droit sacrosaint des peuples (…) En droit international, toute tentative ou toute vente proclamée d’un territoire colonial sans auto-détermination formellement exercé par son peuple est illégal (…) Si vente il y a eu, elle est nulle et non avenue (…) Les Mauriciens auraient dû être consultés dans les paramètres imposés par le droit international. Je crois que l’express devrait rétablir les faits à ce sujet».
Focaliser sur les faits – c’est précisément notre mission. Quels sont-ils ? Et ce n’est pas l’express qui les invente. Dans les documents officiels, le versement des trois millions de livres sterling, encaissées par l’Accountant General à Maurice, est qualifié de «vente des îles des Chagos». Selon eux, cet argent est une compensation «pour la perte de souveraineté». D’ailleurs, l’avoué britannique Richard Gifford, qui a représenté avec beaucoup d’humanisme les Chagossiens, a déclaré : «Seychelles et Maurice étaient les deux seuls pays qui connaissaient l’existence de la population chagossienne et ils auraient pu objecter. Leur complicité a été facilement achetée». (Ref : page 75, L’an prochain à Diego).
D’autres faits (facilement vérifiables, notamment dans notre ‘Hansard’) : le 26 juin 1980, au Parlement, le ministre des Affaires étrangères sir Harold Walter le dit sans détour : «Le BIOT fait partie du Royaume-Uni, exactement comme la France possède les DomTom (…) on ne peut rien changer ; ceci est un fait !» Walter ajoute : «Un fait ne peut être nié». Selon lui, c’est avec l’accord de Maurice que Diego Garcia a été excisée.
Le 27 juin 1980, sir Seewoosagur Ramgoolam donne une conférence de presse et il est aussi direct que Walter : «Maurice ne possède plus Diego Garcia. Nous avons été consultés, nous avons accepté de ‘give away’ Diego Garcia et le gouvernement britannique a payé trois millions de livres de dédommagement. SSR renchérira : «le pays se ridiculiserait aux yeux du monde s’il voulait inclure Diego Garcia dans le territoire de l’État mauricien».
Sir Gaëtan Duval, éminent juriste et ex-leader du PMSD, a aussi officiellement reconnu que Diego Garcia est un territoire britannique. «Maurice avait beau ne pas être autonome quand elle a vendu Diego, le fait important reste qu’elle a gardé les 40 millions de roupies obtenues, même après l’indépendance. Le gouvernement mauricien reconnaissait ainsi que cette vente avait bel et bien eu lieu». Pour SGD, il n’y a pas de débat possible : «La transaction est ainsi reconnue et devient légale».
Si les faits sont indéniables, en revanche, l’express estime qu’il nous faut débattre des interprétations possibles (qu’ils soient d’ordre juridique ou politique) autour de ces faits. Les nier, c’est faire prévue d’antipatriotisme. Les reconnaître, c’est mieux se préparer contre les deux Goliath qui tentent de nous intimider.
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