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Rupture ?
C’est ce que nous pouvons déduire à écouter les propos du ministre des Finances et de ses proches collaborateurs ces derniers jours. Ils annoncent à qui veut l’entendre un «disruptive budget».
Ainsi, l’exercice financier 2016-17 sera différent dans la forme et dans le fond de ce que nous avons connu durant la décennie écoulée. C’est le message que tentent de faire passer les spin doctors à la veille du grand oral de Pravind Jugnauth. De quoi redonner le sourire aux nombreux partisans du changement de décembre 2014, mais qui ont vite déchanté en voyant à l’œuvre ceux à qui ont été confiées les rênes du pays.
Pour se démarquer de ceux qui l’ont précédé, Pravind Jugnauth mise sur une plus grande rigueur budgétaire. C’est du moins ce qu’il fait comprendre. Durant la prochaine année fiscale, le Trésor public veillera donc à ce que les contribuables obtiennent du «value for money» lorsqu’il s’agira des dépenses qu’elles soient courantes ou d’investissement.
Rien de plus normal, diriez-vous. Malheureusement, cette notion est quasi inexistante dans l’exercice du pouvoir administratif. Il n’y a qu’à parcourir les rapports du directeur de l’Audit pour prendre la mesure de l’ampleur du gaspillage des deniers publics. Pourquoi les choses changeront-elles avec Pravind Jugnauth, sachant qu’il a déjà occupé les mêmes fonctions à deux reprises ?
«Je suis très conscient du fait que la dette du gouvernement et des corps parapublics représente une dette indirecte pour la présente et future génération de contribuables». Cette déclaration du ministre des Finances pourrait apporter des éléments de réponse, alors que la campagne de Com visant à préparer l’opinion à ce qui est présenté comme une rupture bat son plein.
Il faut reconnaître que, contrairement à ses précédentes affectations au Trésor public, Pravind Jugnauth dispose cette fois d’une plus grande force de frappe. Son parti étant la locomotive de l’alliance dirigeante, il a les coudées franches pour imprimer son style et dicter à sa guise la politique économique. À commencer, bien évidemment, par une modernisation de la gestion des finances publiques.
Difficile d’envisager l’avenir autrement dans un contexte marqué par des dépenses en hausse constante, alors que les recettes ne progressent pas au même rythme. À la fin de l’année financière 2015-16, le gouvernement avait dépensé un montant total de Rs 106 milliards tandis que les revenus collectés s’élevaient à Rs 90 milliards.
Pour financer son budget, les choix du ministre des Finances ne sont pas exhaustifs. Il peut, en effet, prendre du recul et faire abstraction des considérations politiciennes. Ce faisant, il pourra frapper l’imagination tout en creusant les sillons de la croissance de demain. Il fera ainsi d’une pierre deux coups. D’autant plus que nous sommes à plus de trois ans de la prochaine échéance électorale.
Reste à savoir s’il prendra le pari, lui qui aspire au poste suprême, ou va-t-il tout simplement se contenter des économies de bouts de chandelle en espérant que l’opinion publique n’y verra que du feu ?
Quoi qu’il en soit, Pravind Jugnauth a déjà fait monter les enchères. Il est donc attendu au tournant !
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