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Prudence sur l’investissement
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Prudence sur l’investissement
Il faudra repasser pour l’euphorie. La communauté des affaires demeure prudente malgré la détente monétaire décidée par le comité de politique monétaire (CPM) de la Banque de Maurice à la veille de la présentation du Budget.
Autres temps, autres mœurs ? Alors que d’ordinaire les voix s’élèvent parmi les dirigeants d’entreprises pour réclamer une réduction du taux directeur, la récente baisse de 40 points de base semble avoir pris tout le monde de court. D’autant plus que la réunion était attendue pour après le Budget.
Interrogé à l’issue de la rencontre du comité de politique monétaire, la plus courte, selon Ramesh Basant Roi, depuis l’installation d’une nouvelle direction à la tête de la BoM, le CEO de Business Mauritius, Raj Makoond, a fait preuve de retenue. «C’est clair que l’inflation est sous contrôle. Avec les risques émanant du vote des Britanniques pour une sortie de l’Union européenne, le défi porte davantage sur la croissance», nous a-t-il déclaré à chaud. Mais qu’en est-il de l’impact sur l’investissement ? Raj Makoond rétorque tout simplement que «techniquement cela va baisser le loyer de l’argent et les charges financières». On n’en saura pas plus.
Nous nous sommes tournés vers le Gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, pour essayer de comprendre les motivations du comité de politique monétaire de ramener, à l’unanimité, le taux directeur de 4,40 % à 4,0 %. Là encore, aucune allusion à un possible impact sur l’investissement.
Même si dans le communiqué émis par le CPM, il est question «de soutenir l’investissement et relever le potentiel de croissance de l’économie eu égard aux incertitudes créées par le Brexit et les prochaines élections présidentielles aux États-Unis», Ramesh Basant Roi fait très attention à son choix de mots. Il nous dira qu’avec cette baisse du Repo rate, la Banque centrale vise à ajuster les taux d’intérêt de façon à permettre au système d’atteindre un certain équilibre. «Si notre démarche aide aussi à stimuler l’investissement, that’s fine», lâche-t-il.
Son objectif premier, a-t-il tenté de nous faire comprendre, est de s’assurer que le taux de référence reflète les fondamentaux. Car, à son avis, l’instrument monétaire uniquement ne permet pas de doper l’investissement. L’élément de confiance ainsi que d’autres facteurs impactant les coûts de production déterminent également ce genre de décision. Toutefois, le patron de la BoM s’est dit tout à fait conscient des retombées positives d’une meilleure coordination entre la politique monétaire et fiscale.
Du point de vue de la Banque de Maurice, la prudence affichée pourrait aussi s’expliquer par le fait que le mécanisme de transmission monétaire dont on nous a annoncé la réparation à travers la mise en place d’une nouvelle structure se fait toujours attendre.
De manière générale, il n’est pas difficile de comprendre les hésitations à se prononcer ouvertement sur un éventuel impact de la réduction du taux directeur. Elles traduisent non seulement les inquiétudes par rapport à l’environnement volatil, incertain, complexe et ambigu qui caractérise de plus en plus le quotidien des entreprises, mais aussi les difficultés majeures depuis des années à pousser la roue de l’investissement privé.
Pourtant, il est connu que c’est un des principaux moteurs du développement. Sans une relance de l’investissement, la croissance continuera à se faire désirer. Comment procéder alors que jusqu’ici les clefs utilisées n’ont pas permis d’ouvrir les bonnes portes ?
La Chambre de Commerce et d’Industrie croit avoir la solution. Elle est convaincue que pour faire revenir l’investissement, il est nécessaire de se concentrer sur la consommation. Plusieurs pistes sont proposées, dont une plus grande ouverture du pays aux étrangers.
Reste à voir quelles options privilégiera le ministre des Finances ce vendredi.
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