Publicité
Futilité vs enjeux véritables
Par
Partager cet article
Futilité vs enjeux véritables

Aurore Perraud, ministre de l’Égalité du genre, est à n’en point douter une femme de bien. Et qui, dans l’absolu, souhaiterait améliorer la vie des femmes comme des hommes et des enfants de ce pays. Encore faut-il que les personnes qui l’entourent, que ce soit dans la basse-cour bleue que dans son ministère, soient de bon conseil. Et qu’elle applique davantage son sens du discernement par rapport aux avis prodigués.
Dans le cas de la publicité pour une boisson gazeuse connue dont elle a récemment recommandé le retrait, Aurore Perraud a été très mal conseillée. Un avis qu’elle a écouté sans avoir eu l’humilité de consulter l’association des publicitaires et qui, au final, l’a fait se désavouer à deux reprises. En effet, face au feu roulant de critiques, elle a d’abord parlé «d’une enquête en cours à mon ministère pour situer les responsabilités», comme si elle n’était pas partie prenante de la décision d’objecter à ladite publicité. Pour ensuite admettre, après que «l’express» a relevé ce fait, que «l’erreur est humaine». Si le reconnaître est tout à son honneur, ses tergiversations sont équivalentes à se tirer une balle dans la jambe, chose dont elle se serait bien passée en ce moment, et son parti aussi d’ailleurs.
Au lieu de perdre son temps en futilités, la ministre de l’Égalité du genre devrait prendre du recul et traquer les discriminations embusquées dans la vie courante et qui font toujours du tort aux femmes, comme par exemple la perpétuation des mariages et concubinages précoces que l’on pourrait contrer par des campagnes d’éducation et de sensibilisation.
Autre discrimination embusquée à laquelle la ministre de l’Égalité du genre aurait pu s’atteler est celle de veiller par exemple à ce que l’état civil ne ponctionne plus Rs 350 à toute femme qui vient de se marier et qui veut que son nom de femme mariée apparaisse sur sa carte d’identité. C’est incroyable mais l’état civil considère cette simple demande de changement de nom comme l’émission d’une nouvelle carte au même titre qu’une carte perdue qu’il faut renouveler. Or, cela n’a strictement rien à voir. Il s’agit simplement de biffer un nom et le remplacer par un autre. Et pour ça, il faut se délester de Rs 350 lorsqu’on est une femme ! Et il y a tout à parier que les hommes désireux d'accoler le nom de leur femme au leur ne courent pas les rues dans ce pays !
Pourquoi donc pénaliser financièrement les femmes alors qu’elles le sont déjà, surtout lorsqu’on sait qu’à travail égal, leurs salaires sont loin d’être égaux à ceux des hommes. Dixit les Gender Statistics, rendues publiques la semaine dernière et qui avancent que «dans les catégories professionnelles élevées du genre managers et autres professionnels, les Mauriciennes gagnent en moyenne 70 % de ce que gagnent les Mauriciens alors que dans les professions élémentaires, elles gagnent la moitié de ce qu’ils perçoivent». Par conséquent, faire les femmes payer Rs 350, rien que pour un «Change of name», c’est non seulement discriminatoire mais aussi grotesque. À bon entendeur…
Publicité
Publicité
Les plus récents




