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Mention passable

31 juillet 2016, 05:11

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IL aura réussi à ne pas provoquer de critiques négatives et intempestives. Ni déception, ni euphorie, un petit soulagement ici, quelques surprises, bonnes et mauvaises, çà et là. Les réactions, dans la grande majorité, positives, incluant celle du leader de l’opposition qui qualifie le budget d’intéressant, donnent à Pravind Jugnauth un certificat avec la mention passable pour son premier examen en tant que ministre des Finances et leader du MSM. Mais soyons honnête, il n’y a pas eu, au réveil hier matin, ce feel-good factor attendu qui permettrait de dire que la consommation est dopée, que la relance économique sera une réalité. Certes, l’intention de créer 21 400 emplois est noble mais sa concrétisation paraît douteuse. Et personne n’a bondi de joie en apprenant que le «metro-express» qu’on nous fait miroiter depuis 20 ans – et qui reste bloqué dans les embouteillages malgré les sommes astronomiques payées aux consultants qui changent de nationalité à chaque alternance de gouvernement – sera finalement une réalité.

D’autant qu’il illustre l’exemple type de la démagogie des politiciens, capables de faire campagne contre un tel projet dans l’opposition pour ravaler leurs diatribes une fois au pouvoir. Bref, on a beau chercher mais en termes d’innovation, d’idées neuves, de nouvelle vision qui nous permettrait de sortir des sentiers battus, et regarder l’avenir avec sérénité, on n’a rien trouvé. 

Mais Pravind Jugnauth aura réussi, malgré ces manquements, sur les deux tableaux. (i) Dans la forme, à part son trop long discours, sa présentation sans flafla plutôt terne, qui correspond à son personnage rarement dans la démesure, lui donne un air  humble, tranquille, proche du peuple. (ii) Dans le fond, s’il manque à son budget, des mesures audacieuses pour une vraie relance économique (ses conseillers répondent que cet exercice a pour but de favoriser le climat et que la balle est dans le camp du privé), le leader du MSM parvient à faire l’unanimité sur des décisions plutôt populaires. Soit l’absence d’augmentation de la TVA qui a l’effet d’un grand ouf, la baisse du prix du gaz ménager (sans doute la résolution la plus appréciée visant toutes les classes sociales et touchant directement nos porte-monnaie), un accompagnement pour les démunis : une allocation financière pour les familles vivant dans une extrême pauvreté, une aide monétaire ou une formation technique aux enfants issus des milieux vulnérables qui réussiront leur examen de fin de cycle.

En clair, un engagement salutaire tant l’écart entre les riches et les pauvres se creuse davantage ces dernières années. Et même s’il ne pourra éradiquer totalement la pauvreté absolue, son intention semble sincère, noble. Et ce pas est surtout concret et sera – heureusement – mesurable. Car le grand argentier a raison en disant qu’il trouve aberrant que dans un pays comme Maurice, 6 400 familles vivent avec une centaine de roupies par individu par jour. C’est inadmissible. Tout comme il est inadmissible qu’en 2016, il existe toujours des familles qui vivent sans électricité chez nous.

Cette semaine encore, un couple qui s’éclaire à l’aide de bougies a failli être surpris par la mort après qu’un incendie a éclaté dans sa maison de quatre pièces où vivent six adultes et trois enfants en bas âge dont un bébé d’un an. (voir pages 8-9). Une ancienne championne de judo, Stéphanie Botteveau a eu moins de chance quand sa case en tôle a pris feu, il y a quelques semaines. Après avoir fait honneur au pays, l’ancienne athlète est morte, prisonnière des flammes dans sa bicoque sans électricité. C’est dire qu’à l’heure où le gouvernement est critiqué pour des allocations quotidiennes de plus de Rs 35 000 pour ses ministres voyageurs, il est inconcevable que des milliers de Mauriciens vivent toujours dans le noir, que des enfants fassent leurs devoirs à la lueur des bougies, que des familles ne mangent pas à leur faim et soient exclues socialement.

La plupart des citoyens préfèrent que l’argent public soit utilisé pour tendre la main aux pauvres, en leur redonnant une dignité au lieu de payer des per diem indécents à des ministres. Si pour l’heure, Pravind Jugnauth, protégé par le bouclier des mesures sociales, attire plus de bonnes que de mauvaises critiques, c’est dans la concrétisation de sa feuille de route que nous jugerons le pilote de nos finances publiques. Sinon, tout ne serait que blabla et fausses promesses. À l’image de la campagne de l’Alliance Lepep…

 

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