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Pour une question d’Héritage et d’héritiers...

6 août 2016, 07:16

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Il y a de la «rupture» dans l’air. Des vents contraires soufflent depuis deux ou trois semaines sur le paysage politique. Et ça commence sérieusement à s’agiter dans tous les sens. Après le match Lutchmeenaraidoo-Bhadain, remporté par monsieur Bonne gouvernance, avec le soutien de sir Anerood, un deuxième round intra-Lepep se joue ces temps-ci. C’est, sans jeu de mots, une question d’Heritage politique.

D’un côté nous avons Roshi Bhadain, qui se positionne comme un héritier probable de la dynastie soleil, et de l’autre Gérard Sanspeur, le conseiller de l’héritier naturel, Pravind Jugnauth, revenu en force en attendant un verdict déterminant du Privy Council.

À bien voir, il y a pas mal de similitudes entre Bhadain, qui n’a pas froid aux yeux, et Sanspeur (qui, on dirait, porte bien son nom), non seulement en termes de force de caractère, mais aussi en termes de méthodes, que ce soit pour les fuites organisées de documents dans la presse, ou les «posts» pseudo-philosophiques sur Facebook. Les deux veulent influer sur l’opinion et influencer les journalistes. Mais ils sont tous les deux maladroits…

Et si Bhadain a eu la peau de Lutchmeenaraidoo, même si ce dernier est resté au Cabinet (grâce au soutien de Pravind Jugnauth), rien ne dit que le tandem Pravind Jugnauth-Sanspeur aura celle de Bhadain, même si celui-ci s’est vu rogner les ailes – surtout celles qui le menaient souvent à Dubaï dans le but déclaré d’accélérer le rêve Heritage City – un projet pharaonique que Bhadain voulait faire pousser, en trois ans, afin que sir Anerood puisse s’y installer avant de quitter la scène pour de bon.

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La bleue Malini Sewocksingh aura beau s’égosiller. Malgré son joli sari, personne ne l’écoutera pour le moment. Une piscine moderne ne sera pas construite à Curepipe, mais elle le sera à St-Pierre, au n° 8, nous apprend le Budget 2016-2017.

La circonscription, qui a élu Pravind Jugnauth (et qui compte deux autres ministres, en l’occurrence celle de l’Éducation et celui de la Jeunesse et des sports), est devenue le nouveau champ de bataille de la politique mauricienne. À ce titre, elle a droit à toutes les attentions, convoitises et gâteries possibles. Du gouvernement comme de l’opposition.

Hier, 18 h 45 à St-Pierre. Navin Ramgoolam, boosté, le poing levé en l’air, commence son discours. Au moins 200 partisans travaillistes, requinqués, sont venus l’applaudir. Lui, il est venu surtout pour tâter le pouls et tenter de conquérir l’électorat de son rival.

Un an et demi après sa déroute aux législatives 2014, le leader du PTr reprend du poil de la bête. Il sait que le gouvernement mené par le MSM, rogné par l’exercice du pouvoir, est en perte de vitesse, victime des tiraillements internes et d’une situation économique difficile.

Conscient que les relations sont tendues entre les partenaires de Lepep, Ramgoolam entretient le flou par rapport au soi-disant rapprochement entre les rouges et les bleus. Ce faisant, il maintient la pression sur Lepep et sur le PMSD (contre qui il a plusieurs dossiers apparemment – d’où le pacte de non-agression). À noter qu’il évite soigneusement de critiquer le PMSD mais concentre ses tirs sur les Jugnauth. Il épargne aussi Paul Bérenger, son ancien partenaire qui a juré de ne plus s’associer avec lui depuis la déroute de décembre 2014, et surtout après la découverte de Rs 220 millions à River Walk… Mais le tacticien Ramgoolam entend brouiller les pistes et garder toutes les options d’alliance ouvertes.

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Le baisemain de Roshi Bhadain à Pravind Jugnauth, le mercredi 25 mai, au sortir du tribunal qui venait de blanchir le leader du MSM, n’avait duré que quelques fractions de seconde. Mais l’image, immortalisée par l’un des photographes de La Sentinelle, et publiée en Une de l’express le jeudi 26 mai, était annonciatrice du changement à venir. La photo illustrait le nouveau rapport de forces au sein du gouvernement Lepep, avec un Bhadain qui se faisait tout petit, et qui se soumettait à Jugnauth Jr, alors que la main de ce dernier restait affligée, ne se refermant pas sur celle de Roshi Bhadain. Il y avait manifestement, le temps de cette photo, un refus de l’allégeance ainsi exprimée par Bhadain. Nous reproduisons une nouvelle fois cette photo pour votre propre interprétation de la donne politique.