«Koz kozé, pas koz kozé (…) Cette fois-ci, on ira seul aux élections. Dès demain, on va investir le terrain et on va rester à l’écoute des Mauriciens (…) On va changer votre vie et le pays (…) On va arrêter la dilapidation des fonds publics (…) Il y aura un libre accès à l’information, de la transparence. Et l’égalité des chances ne sera plus un concept creux… et la MBC sera bientôt du même niveau que la BBC !»

On entend depuis toujours ces belles paroles de politiciens. Mais peut-on ou, plutôt, devrait-on toujours les croire ?

Devrait-on oublier ses coffres forts et avoir, une nouvelle fois, foi en Navin Ramgoolam quand il dit que Kailash Trilochun devrait rembourser ses honoraires abusifs de Rs 19 millions ? Devrait-on croire Nando Bodha qui a, très tardivement, mis fin au contrat de son beau-frère après l’indignation généralisée devant la facture présentée à l’ICTA et payée par nous ? Imaginez-vous ce qu’aurait pu être la facture de Trilochun s’il nous conseillait, disons, sur le dossier Chagos (c’est clair qu’il en est capable, vu tous les contrats qu’il rafle et son soutien au MSM) et qu’il devait aller négocier à Londres, à Washington D.C. et à New York…

Comment expliquer qu’un avocat comme Collendavelloo, présenté comme Monsieur Propre durant la campagne 2014, puisse accepter l’affligeant fait que Trilochun insulte de la sorte l’intelligence des Mauriciens? Est-ce que Collendavelloo est devenu sourd et aveugle, ou joue-t-il au même jeu en casant lui aussi les petites mignonnes et les grands gaillards de son Chambers ? Un peu comme Gayan l’a fait au Cardiac Centre.

Croire, c’est souvent le contraire de savoir, c’est adhérer et même soutenir sans preuve ceux qui lancent des paroles en l’air. Sait-on aujourd’hui d’où proviennent les Rs 220 M retrouvées dans les coffres-forts de Ramgoolam? Bodha viendra-t-il nous expliquer comment le frère de son épouse a pu travailler pour deux organismes qui tombent sous son ministère (RDA et Mauritius Shipping)? Qu’il ne vienne surtout pas nous dire qu’il y a eu un exercice d’appel à candidature.

Après les informations selon lesquelles Trilochun a exercé des pressions sur le «board» rubber stamp de l’ICTA, l’avocat-beau-frère ne s’est-il pas disqualifié pour présider la Financial Intelligence Unit ? Qu’en pense Sanspeur et qu’en pense Monsieur Bonne gouvernance ? Peuvent-ils mettre de côté leurs différends sur Heritage City, Stree Consulting et Bagatelle Dam pour trouver un moyen de protéger notre argent des crocs aiguisés du clan Trilochun/ Bodha ? Sanspeur et Bhadain peuvent-ils trouver un juste milieu entre leur égoïsme et leur altruisme? Sont-ils capables de ranger leur individualisme pour déboucher sur un esprit collectif qui chasserait, au nom la bonne gouvernance et de l’intérêt public, tous les Trilochun qui pillent notre argent grâce à leurs connexions tribales ?

Il n’y a pas lieu d’avoir un faisceau lumineux pour éclairer les maux qui rongent Lepep et qui appauvrissent Maurice. L’image dominante du pays est celle du traditionnel panier de crabes. Il y règne comme un droit général à l’excès et un ravalement permanent de crachats. Il y a une poussée de fièvre affreuse qui a contaminé depuis pas mal de temps nos politiciens. Il faut qu’on se vaccine contre eux. Car on se doit d’avancer en dépit de nos carences politiciennes.