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Les sangsues de la République

14 août 2016, 07:00

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La résignation guette, mais ce serait nous rendre mauvais service que d’y céder. C’est le moment ou jamais de dire non, de se révolter, de réclamer des comptes à ce gouvernement qui nous prend, à tort, pour des moutons que l’on tond à l’envi. Qu’il s’agisse de la nomination contestée de Mary Jane Yerriah, contrainte de démissionner de l’Equal Opportunities Commission pour non-éligibilité, des Rs 19 millions indécentes réclamées et payées à l’avocat Trilochun qui ont choqué le Premier ministre, de l’arrêt du projet d’Heritage City – décision salutaire, mais qui a déjà troué les fonds publics de plus d’une centaine de millions avec les salaires des consultants –, des 184 voyages effectués par nos parlementaires en seulement une année et demie (sans résultat probant), le constat n’a échappé à personne : les fondations Lepep sont bâties sur le modèle de l’Alliance sociale.

Le changement ? Comment faire mieux, c’est-à-dire pire que le précédent gouvernement en profitant du système, des avantages, d’opportunités offertes à «zot dimounn» en pillant les fonds publics ? Demandez au député Rutnah. Pendant que plusieurs à l’Assemblée nationale manifestaient leur surprise devant cette incroyable note payée à Trilochun, le député ML avançait que de grosses sommes furent également payées à d’autres dans le passé. À suivre le fond de la pensée de Rutnah, qui a raté une nouvelle occasion de se taire, il y a comme une certaine logique dans l’alternance : celle de permettre un enrichissement sur le dos des citoyens, du petit employé qui lui s’éreinte, trime à coups d’énormes sacrifices pour nourrir sa famille, paie souvent pendant une vie entière un emprunt à la banque tout en s’acquittant difficilement, mais honnêtement de ses impôts. Qui serviront à engraisser des nominés politiques ayant eu les faveurs du pouvoir. Ceux-là qui, avec la bénédiction des membres des conseils d’administration des corps parapublics, tètent le sein de nos fonds publics avec avidité sans que personne n’y trouve à redire. Outre le fait que le Premier ministre, le beau-frère Bodha et quelques parlementaires aient exprimé leur choc, il n’y a eu aucune condamnation publique de la somme versée à Trilochun par le gouvernement. C’est révoltant, inacceptable.

Ces honoraires totalement démesurés, déraisonnables, provoquent un sentiment de stupéfaction. Cela dépasse l’entendement et illustre l’image d’un gouvernement qui fait le contraire de ce qu’il a promis. Enterrées la gestion transparente et la prétendue bonne gouvernance. Place au copinage qui nourrissait hier la vaste clique de Ramgoolam et qui aujourd’hui gave les courtisans des princes du jour. Les sangsues Lepep ont remplacé les sangsues de l’Alliance sociale.

C’est dire que nous ne savons plus s’il faut rire ou pleurer en écoutant le même Ramgoolam, botté du pouvoir après une gestion catastrophique du pays, dénoncer les travers de ce gouvernement. N’est-ce pas là notre plus grand drame ? De toujours confier les clés de notre pays à une même classe politique venue au pouvoir pour des raisons autres que l’intérêt public. En confondant leur porte-monnaie avec les caisses de l’État, en s’octroyant le rôle de propriétaires des lieux et en affichant un amateurisme désarmant dans la gestion des affaires.

Quel exemple plus flagrant que celui du projet d’Heritage City, dénoncé depuis longtemps par des voix raisonnables, mais inaudibles, qui était toujours on à l’heure du Budget et qui, en quelques jours, a connu une belle mort, provoquant sur son cadavre une guerre épique Bhadain-Sanspeur. Alors qu’entre-temps, une facture de plus d’une centaine de millions sera payée des fonds publics aux consultants.

Il aura fallu une année et demie seulement pour que l’Alliance Lepep démontre une effarante médiocrité. Quand on réalise que Ramgoolam se positionne déjà pour revenir au pouvoir et que le MMM, malgré son démenti, explore la voie d’une alliance avec le MSM, la résignation guette réellement. Mais il est plus que jamais temps de dire non, de s’indigner et de réclamer à haute voix un renouvellement politique…

 

 

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