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La stratégie de l’embrouillamini
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La stratégie de l’embrouillamini
C’est à ne plus rien comprendre.
Tenter un décryptage des actualités politiques s’avère périlleux. Car on nous cache pas mal de choses. Et les non-dits sont privilégiés, au détriment de la transparence.
Entre un ministre, qui consigne une longue déposition contre le conseiller spécial de son leader, et tout un cabinet ministériel, qui vous affirme, ensuite, que «tout va bien» alors que la crise post-Heritage City saute aux yeux ; entre un sir Anerood Jugnauth qui contredit son fils sur l’Equal Opportunities Commission et les funérailles du mégaprojet de Roshi Bhadain, et un avocat-beau- frère, qui se gave de l’argent public en affichant une arrogance inégalée (malgré une enquête officielle lancée par le ministère de la Bonne gouvernance) par rapport à ses honoraires abusifs ; entre un PMSD et un ML qui ne savent plus sur quel pied danser parmi les clans qui s’affrontent au sein du gouvernement, et des nominations des p’tits mignons et mignonnes, qui sont faites et défaites au petit bonheur, nous pataugeons, actuellement, en pleine confusion.
Les informations qui nous parviennent souvent au compte-gouttes, mais que d’aucuns ne veulent surtout pas confirmer, alimentent le cafouillage ambiant – que certains veulent faire perdurer. Par exemple, la rencontre, en toute discrétion, entre Paul Bérenger et Gérard Sanspeur et le ton relativement consensuel du leader de l’opposition au Parlement ne peuvent qu’alimenter des rumeurs de rapprochement entre le MMM et le MSM (apparemment sans SAJ, Bhadain et Soodhun).
On dirait qu’il y a une stratégie de l’embrouillamini qui a été savamment mise en place. Ce qui provoque des rumeurs de remaniement ministériel, ou de changement de capitaine au PMO. Cet embrouillamini vise-t-il à accréditer la thèse loufoque d’un gouvernement sur le bord de l’explosion ? À qui cela profiterait-il ?
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Sur lexpress.mu, sous nos articles politiques, chacun y va de son couplet. L’un des commentateurs les plus pertinents, ROH, estime que «Bhadain sait que ses jours sont comptés au sein du MSM, surtout dans le contexte de l’après- SAJ et que Pravind Jugnauth ne va jamais lui refaire confiance. Alors il essaie de causer autant de dégâts qu’il le peut maintenant puisqu’il sait que SAJ ne va pas le révoquer même s’il est expulsé du MSM».
Dans une déclaration à l’express, le ministre de la Bonne gouvernance estime, lui, qu’il est de son devoir d’aller jusqu’au fond des choses dans la saga Heritage City… dans l’intérêt public.
Saura-t-on vraiment ce qui s’est passé entre les Jugnauth et Roshi Bhadain à La Caverne? Est-ce dans leurs intérêts respectifs que ça se sache ?
C’est devenu une partie intégrante de notre système politique. Nous sommes dans une phase permanente d’affrontement systématique. L’affrontement se fait quasi exclusivement par rapport à celui ou celle qui propose ou qui dénonce.
Il faut être sourd pour ne pas réaliser qu’une grande partie de l’opinion publique, aujourd’hui encore plus qu’hier, se plaint, à chaque coin de rue, de ne pas avoir plus de choix entre ce qu’elle perçoit comme le choléra et la peste. À la place de vrais débats, comme ceux qui se font dans d’autres démocraties, nous nous enfonçons dans une médiocrité généralisée.
Ce qui complique la donne et sème la confusion, c’est que les partenaires en alliance ou dans l’opposition n’ont jamais accordé leurs violons. C’est ce panier à crabes qui amplifie durablement les agitations qui vont encore conduire à d’autres affrontements systématiques.
Et dans ces jeux malsains, ce sont nos sous qui sont dilapidés alors que les avocats, comme ceux des Trilochun ou Collendavelloo Chambers, s’enrichissent par des affaires comme ICTA, Betamax, CT Power, Villas Le Morne, etc.
Notre destin est résolument triste, notre destinée des plus incertaines avec ceux qui ont choisi de nous diviser pour régner – au lieu de gouverner…
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