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Passe-passe aux Casernes

30 août 2016, 07:18

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C’est au retour du PM du Kenya que Showkutally Soodhun saura si le PM va le gronder ou le féliciter par rapport à la révocation de Kailash Trilochun comme président de la Financial Intelligence Unit. Le Premier ministre par intérim nous l’a confié avec tout le côté candide qui le caractérise. Est-ce ainsi que se prennent, en 2016, des décisions capitales au bon fonctionnement de notre démocratie ? Franchement, s’il n’était pas si sûr de faire le bon choix, n’y avait-il aucun moyen pour Soodhun, avant de signer la lettre de révocation de Trilochun, de contacter sir Anerood Jugnauth à Nairobi ? Ce gouvernement est-il à ce point dépourvu de moyens de communication ou est-il divisé entre clans qui s’affrontent ?

Nous vivons un désordre politique qui corrompt nos institutions. Au sommet de l’État, il devient manifeste qu’on navigue à vue, dans l’à-peu-près, et que le pôle décisionnel vacille, à chaque intérim, dans chaque affaire qui éclate. Nos institutions semblent dépourvues de leadership – et l’ingérence politicienne, hier légion, s’intensifie.

À tel point que le commissaire de police, qui jouit pourtant d’une protection sous la Constitution, s’est vu remonter, hier, les bretelles par le PM par intérim eu égard au traitement, par la police, du brûlant dossier Trilochun. Le politicien Soodhun, selon ses propres aveux, aurait expliqué au commissaire Mario Nobin que la police ne devrait pas être dictée par Me Rama Valayden qui n’est autre que l’avocat de son... avocat ! Pour rappel, Me Trilochun avait représenté Mario Nobin dans l’affaire Satyajit Boolell vs ICAC and Commissioner of Police – qui est en soi un non-sens juridique.

Si Mario Nobin a été mal inspiré de faire appel à un avocat du privé (de surcroît Me Trilochun), au lieu de retenir les services d’un avocat de l’État, il a fallu attendre une question de la presse, hier, pour que l’on apprenne que le cousin et beau-frère de Nando Bodha n’est plus l’avocat du commissaire de police. Avant cela, il n’y a pas eu de communiqué officiel pour mettre fin à cette incongruité juridique qui illustre le pourrissement des relations entre le bureau du DPP, la police, l’ICAC et le State Law  Office. Les relations entre ces institutions-clés de notre système de justice, qui n’étaient pas au beau fixe depuis le changement de régime, se sont dégradées depuis l’éclatement des affaires MedPoint et Sun Tan. Et quelques corbeaux en tirent profit à nos dépens.

***

En novembre dernier, Showkutally Soodhun, flanqué de Roshi Bhadain, avait critiqué la police par rapport à l’arrestation de Shakeel Mohamed dans la nébuleuse affaire Gorah Issac. Et quelque temps auparavant, le même duo avait porté plainte à la police contre le DPP. Ce qui devait donner lieu à un autre épisode rocambolesque.

De régime en régime, les princes de l’hôtel du gouvernement tirent à bout portant sur la police, devenue un instrument politique depuis longtemps. Il y a le cas de Heman Jangi, hier décoré de la République puis transféré sans explication. Et plus récemment, on constate que la suspension du DCP Seerungen donne lieu à un intense lobbying politique pour remplacer Nobin, qui vit une fin de carrière assez mouvementée.

Et après l’on s’étonne qu’il y ait des fuites et des clans aux Casernes centrales et d’avoir une police qui fait des courbettes chorégraphiées devant chaque ministre...C’est, au final,  Valayden qui a bien compris une chose: pour gagner une affaire à Maurice, il faut préparer l’opinion publique et puis miser sur l’une des nombreuses failles de la police. Et le tour de passe-passe est joué.