Publicité
Le nœud de vipères
Comme une bonne partie de l’hémisphère sud, nous avons pu voir, jeudi, un alignement presque parfait du soleil, de la lune et de notre Terre. Phénomène rare. Qui ne dure pas longtemps. Un peu comme le réchauffement des relations post-budgétaires entre Paul Bérenger et Pravind Jugnauth, désormais aux antipodes.
Pas besoin de lunettes spéciales ou de lever les yeux vers le ciel pour constater qu’aujourd’hui, les deux leaders politiques ont cessé de s’auto-applaudir ; ils tentent laborieusement de placer une bonne distance entre eux. Histoire de faire taire les rumeurs d’alliance à l’annulaire (franchement) gauche… puisque cette alliance, qui pourrait logiquement se profiler un jour, s’apparenterait à un remake de l’absurde.
Puisant dans sa liste de surnoms peu flatteurs créée spécialement pour le leader du parti soleil, Bérenger a remplacé «crétin» par «capon». Son fidèle lieutenant qu’il envoie au front quand il faut faire «du bruit» dit, lui, que Pravind Jugnauth n’a pas l’«étoffe» pour devenir PM – Rajesh Bhagwan parle, lui, de «costume» dans l’interview rentre-dedans qu’il a accordée hier à l’express-samedi.
Quant au fils Jugnauth, il est important, pour le cheminement de sa propre étoile, qu’il ne se fasse pas éclipser par le duel des trois titans : Paul-SAJ-Navin. Il doit montrer qu’il est un «vrai zom» (selon les critères de Ramgoolam), susceptible de se hisser à leur niveau stratégique.
Le fils affrontera-t-il, donc, une élection pour légitimer sa prise de pouvoir premier ministeriel après son père ? La Constitution ne le lui impose pas, mais la morale locale pourrait lui en vouloir s’il tente de passer par la petite fenêtre de l’histoire politique. Est-ce parmi ces «développements majeurs» qu’il prédisait et qu’on ne voit toujours pas ? Ou va-t-on subir des mini-phénomènes – comme le retour de l’avocat beau-frère – devenu le symbole dysfonctionnel d’un bateau Lepep qui n’a plus de boussole et qui semble avoir perdu le nord ?
La suite des événements sera épique. Les rumeurs, selon lesquelles SAJ s’approche du crépuscule de sa carrière au PMO, deviennent persistantes. Il nous rappelle, de plus en plus, Louis, un personnage de François Mauriac, dans Le Nœud de vipères.* On ne l’écoute plus : «Mo ti dir fou Trilochun déor !» Mais Trilochun, qui rentrerait demain, est resté ! SAJ est devenu l’ombre du Rambo qu’on nous avait vendu.
Selon des astres, SAJ resterait au pouvoir jusqu’en novembre 2016. Mais le vieil homme ne serait pas prêt de tout céder à son fils et aux vipères qui le ceinturent.
* Dans Le Nœud de vipères, le vieux Louis en veut à la terre entière, et ne veut pas se voir dépouiller de sa fortune. Malade du cœur, sentant la mort arriver, il va noircir les pages d’un vieux cahier. Il va inventer les stratagèmes pour rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui ne l’écoutent plus...
Publicité
Les plus récents