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Alliance Lepep: rupture de contrat

15 septembre 2016, 07:28

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«À un certain moment, sans donner de raison, le Premier ministre désigné pourrait passer le témoin à son fils Pravind Jugnauth.» Si c’était inscrit dans le manifeste électoral de Lepep (en date de novembre 2014), est-ce que l’électorat aurait voté pareillement aux dernières législatives ? La question mérite d’être posée car, à aucun moment, dans le programme de Lepep, mention n’est faite du passage de témoin de SAJ à son fils. Constitutionnellement, légalement, il aurait le pouvoir de le faire – là n’est pas notre propos du jour – mais éthiquement, moralement, est-ce correct ?

Comme moi, nombre de Mauriciens estiment, après l’annonce du Premier ministre en début de semaine, qu’il y a rupture de contrat entre le peuple souverain et l’alliance Lepep, qui a été mandatée par lui pour diriger le pays. Il y a rupture de contrat quand l’une des parties change, en cours de route, les règles du jeu de manière unilatérale, sans motif aucun. Ici, en plus, il semblerait, en l’absence de toute explication, que ce soit par pur intérêt personnel...

En relisant le manifeste électoral, on retient surtout que l’on nous a vendu le tandem SAJ et Vishnu Lutchmeenaraidoo comme les faiseurs d’un 2e miracle économique dont on ne voit toujours pas les premiers contours.

Si le ministre des Finances s’est auto-disqualifié avec ses prédictions astrologiques et son penchant pour l’or, on croyait toujours à ce Jugnauth-Rambo-Karcher qu’on nous avait vendu comme un Lee Kuan Yew mauricien qui n’avait plus rien à prouver, et qui allait redresser le pays, après les terribles années Ramgoolam-Duval-Rawat. Mais on réalise, aujourd’hui, qu’on avait tort sur la marchandise, qu’on nous avait, certes, présenté une marque connue, testée, sauf qu’on n’avait pas pris le temps d’examiner la date d’expiration. Mea culpa.

Cela dit, quand sir Anerood était interrogé sur son état de santé, lors d’une conférence de presse le 27 septembre 2014 (par Axcel Chenney), il en faisait une bouffonnade en répondant, sous les rires complices de ses bouffons : «Eski ou medsin ou ?!»

Et aujourd’hui il nous dit qu’il va partir, tout simplement. Et que son fils va lui succéder, sous les applaudissements d’un Duval et d’un Collendavelloo, plus scotchés à leur maroquin que jamais. Et que nous non plus nous n’avons pas le choix que de saluer le prince de l’empire soleil et sa coterie.

Dans un contrat, chaque partie dispose d’un droit de résiliation discrétionnaire. Aussi, sauf disposition conventionnelle ou contractuelle contraire, l’employeur (l’électorat) et le salarié (le Premier ministre) peuvent rompre le contrat, en cours de route, en notifiant à l’autre partie sa décision de mettre fin à l’essai. Le problème c’est que SAJ, lui, part sans nous dire pourquoi. Serait-il fatigué ? Souffrant ? Ou a-t-il perdu tout espoir de redresser le pays avec une telle équipe gouvernementale qui dysfonctionne de semaine en semaine ? Qu’il nous dise clairement le pourquoi de son départ. Et le peuple pourrait, alors, reprendre son destin en main.