«From Special One to Beaten One». Trois défaites à la suite en une semaine. Après des débuts enthousiasmants, le ciel s’est brusquement assombri sur Old Trafford. Alors que Pep Guardiola s’envole avec Manchester City (5 à la suite en championnat), Jose Mourinho s’englue et doit faire face aux premiers doutes, qui ne sont pas sans rappeler le mauvais roman de Chelsea.

Après David Moyes et Louis van Gaal, JM se voit confronté à la réalité brutale des Red Devils : ne remplace par Sir Alex Ferguson qui veut. D’ailleurs, un photo-montage de Mourinho en Van Gaal fait le tour du net… Pourtant, ce ne sont pas les moyens ni le talent qui manquent à cette équipe. Plutôt de la confiance. De la sérénité. Qui étaient là lors des trois premiers matches, qui ont disparu depuis le derby mancunien qui a souligné de manière criante les différences qualitatives entre United et City.

Même si on n’a joué que cinq matches de championnat, et que rien n’est joué, les bookmakers se sont peut-être trompés en faisant de Manchester Utd le favori du championnat en se fiant à ses noms ronflants alors que le spectacle et les résultats sont bel et bien du côté de l’«Etihad Stadium». On suppute aussi que le vestiaire mancunien n’irait pas très bien, ce qui doit rappeler de mauvais souvenirs au «Special One»… Après Mourinho, le principal accusé et bouc émissaire tout désigné n’est autre que Paul Pogba. Mais c’est quand même facile de tout lui mettre sur le dos ! Ok, il a été acheté 105 millions d’euros et doit “deliver” mais il est très mal utilisé dans le système Mourinho. Posté milieu défensif central par un entraîneur défensif, il passe son temps à venir récupérer des ballons devant la défense alors que c’est un relayeur offensif.

Comme l’a dit Paul Scholes, il faudrait un meneur de jeu du style de Luka Modric ou Tony Kroos auprès de lui pour que Pogba donne la pleine mesure de son talent, comme à la Juventus Turin où il brillait de mille feux aux côtés d’un certain Andrea Pirlo… En attendant que le Mou reparte à l’abordage sur le mercato pour éventuellement trouver cette perle rare, Michael Carrick pourrait assumer ce poste de meneur de jeu qui aiderait Pogba dans l’entrejeu mais Mourinho ne l’utilise pas… Scholes a aussi fait dans le “punchline” hier en disant que Pogba devait arrêter de se prendre pour Messi…

Si la défaite contre City a peut-être joué comme un rôle psychologique néfaste sur les «Red Devils», le manque de rythme et de créativité des joueurs est plus préoccupant. «Je ne suis pas vraiment content. On peut travailler là-dessus et s’améliorer», a réagi hier Jose Mourinho après la surprenante défaite à Watford (3-1). Il aura aussi noté une nouvelle performance quelconque de Wayne Rooney, de plus en plus décevant, mais aussi avancé que certains de ses joueurs ne supportaient pas la pression.

L’entraîneur portugais ne peut même pas plaider la carte du temps d’adaptation, lui qui connaît parfaitement la Premier League, là où le novice Guardiola fait des merveilles alors qu’il vient de débarquer sur le banc de City, comme un Manuel Pellegrini par exemple. Dans un autre ordre d’idées, les bons résultats et le style offensif des gars de Jürgen Klopp augurent d’une affiche encore plus électrique lorsque MU se rendra à Anfield le 17 octobre prochain.

Du rêve au cauchemar il n’y a qu’un pas. Et ceux qui étaient en faveur de Ryan Giggs ou «n’importe qui d’autre» sauf Mourinho sont affables aujourd’hui pointant l’erreur de casting supposée du board en choisissant José Mourinho. “Overpriced team” entend-on sur les réseaux sociaux. C’est bien connu, quand les choses vont mal, les vautours ne sont pas loin… Mais, concernant les folles sommes investies, les interrogations sont pertinentes.

Les supporters sont souvent amnésiques quand ça les chante mais n’oublions pas que Manchester Utd avait aussi connu des débuts de saison ratés sous Alex Ferguson mais que ça ne l’empêchait pas d’accélérer après Noël pour les résultats que l’on sait.