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Distraction
À reculons. Ainsi avance le pays depuis plusieurs années. La faute aux politiques, bien évidemment. On croyait que le signal était assez fort en décembre 2014, et que nous étions débarrassés, du moins le temps d’un mandat, des distractions politiciennes. Mais c’était sous-estimer la capacité de ceux à qui nous avons confié notre destin commun à s’auto-flageller.
En moins de deux ans, ils ont réussi à cristalliser ce qui était reproché à Navin Ramgoolam et à sa cour pendant deux mandats. À tel point que ce dernier qu’on disait moribond politiquement est parvenu à remonter sur une estrade, dimanche dernier à Triolet, pour haranguer la foule.
Comment s’en étonner quand 41 % des Mauriciens, selon un sondage de TNS Analysis au deuxième trimestre, estiment que le pays va dans la mauvaise direction ? Cela alors qu’en 2015, soit juste après avoir placé leur confiance dans l’alliance Lepep, ils étaient 53,7 % à penser que nous avions pris la bonne direction.
Cette perception générale de l’évolution du pays est appelée à se dégrader davantage au fur et à mesure que la crédibilité de nos gouvernants s’effrite. Au vu des positions diamétralement opposées sur certains dossiers, dont Heritage City et les flèches qu’on se lance sur les réseaux sociaux, il est difficile de s’attendre à un réchauffement dans les relations au sein du cabinet ministériel. Ne parlons pas de la majorité gouvernementale, même si nous sommes à la veille de l’été.
Qu’on se le dise : la principale opposition à l’alliance Lepep aujourd’hui n’est pas externe, mais se trouve en son sein. Le germe de l’instabilité a été planté et les dissensions en surface ne seraient que le sommet de l’iceberg, à en croire ceux qui assistent à certaines manœuvres dans les coulisses.
Qui plus est, la nature des responsabilités des protagonistes engagés dans des bras de fer envoie des signaux brouillés. D’où les appréhensions justifiées concernant les priorités nationales. Le retrait annoncé de sir Anerood Jugnauth en vue de céder le poste suprême à son fils n’est pas, non plus, pour arranger les choses. Il n’y a qu’à tendre l’oreille pour comprendre. Le pays bascule petit à petit dans un mood de campagne électorale avec l’opposition réclamant des élections générales anticipées.
Cette situation ne manquera pas d’avoir des répercussions. Elle pèsera lourdement sur la capacité à rester concentré de ceux ayant pris des engagements sérieux. Ceux-ci, par exemple :
- Fostering a wave of modern entrepreneurs;
- Creating more job opportunities for all;
- Entering a new economic cycle focusing on innovation, boosting exports and private investments;
- Moving towards a fully-fledged digital society;
- Reforming business facilitation and expanding our economic horizons;
- Building the infrastructure that fits into the future;
- Lifting the quality of life for one and all;
- Addressing the root causes of poverty;
- Launching a major public sector reform programme;
- Ensuring macroeconomic stability and sound public finances.
Vous l’avez compris, il s’agit de l’agenda économique dressé par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, dans le Budget 2016/17. Subira-t-il le même sort que celui de Vishnu Lutchmeenaraidoo ? C’est-à-dire se transformer en un non-event avec la politique reprenant le dessus.
C’est l’une des principales préoccupations dans les milieux économiques, ces jours-ci. D’autant plus que l’un des acteurs chargés de veiller à sa mise à exécution étant lui-même pris au cœur d’un tourbillon politico-policier. Nous parlons bien évidemment des démêlés du conseiller spécial Gérard Sanspeur dans l’affaire Heritage City
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