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Réforme électorale : To be or not to be
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Réforme électorale : To be or not to be
Le débat est important pour qu’une société puisse faire sa vidange. Les projecteurs permettent surtout de séparer les slogans souvent balancés sur le Net des faits avancés en public. Ceux qui ont suivi le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump ont tout de suite mesuré l’écart entre le sérieux et la démagogie en politique – et dans la gestion de la cité basée sur l’expérience ou sur l’incohérence. Tous les observateurs objectifs s’accordent à donner un score de 1-0 en faveur de la candidate démocrate – en attendant les deux autres débats programmés d’ici au 8 novembre, jour de l’élection présidentielle aux États-Unis. Dans son éditorial intitulé «A win for Hillary Clinton, The first presidential debate»,The Economist conclut : «(…) Those who began by thinking that Mrs Clinton is a dangerous socialist who should be locked up will have seen nothing to change their minds. But what did the 10-20% of voters who tell pollsters that they are undecided, or planning to vote for a third party, see? They saw one candidate who was well prepared and a bit rambling, and another who was downright weird at times.»
À Maurice, pourquoi craint-on le débat sur la réforme électorale, malgré les maints effets d’annonce à ce propos ? Hier, des citoyens ont, une fois de plus, déploré l’attitude «fuite en avant» des partis politiques qui ont refusé le débat sur notre système électoral. Comme on pouvait s’y attendre, le débat de CARES, annoncé en grande pompe, a été tout bonnement annulé, cette semaine ; les chefs politiques refusant de jouer le jeu citoyen et de se livrer, sans filet de protection complaisante, à la critique d’un public en quête de réponses aux promesses pré électorales formulées. L’alliance Lepep va essayer de «buy time» pour s’assurer que la transition entre les Jugnauth se passe tranquillement et pour s’accorder en interne (ce qui n’est pas une mince affaire vu l’assemblage hétéroclite de cette alliance bricolée à la va-vite) avant de prendre le risque de se lancer dans un débat aussi sensible. Elle pense, à tort, que le débat sur la réforme électorale peut être renvoyé aux calendes grecques. «Il faut laisser le comité Duval travailler et on verra par la suite», nous dira-t-on. Or on sait que ce comité, en raison des préjugés existentiels de ses membres sur le Best Loser System (BLS) (qui constitue leur carburant), ne fera pas évoluer la donne.
Si les partis politiques, qui ont pris en otage le débat sur la réforme électorale, ne veulent pas, ou ne peuvent pas, réformer le système électoral avant les prochaines élections, avec son corollaire communaliste, le BLS de triste mémoire, malgré les pressions de la Cour suprême et des Nations unies, c’est parce qu’ils ne veulent, tout bonnement, pas se tirer une balle dans le pied avant le prochain match électoral. Et ce, afin qu’ils conservent leurs acquis sur l’échiquier national et, dans le même souffle, étouffer dans l’œuf de possibles mouvements naissants.
Lors de son congrès-anniversaire, dimanche, le leader du MMM a fait ressortir que, pour lui, l’annonce du départ de SAJ sonne déjà le début de la campagne électorale. Et dire qu’on n’a que deux ans au compteur ! Le leader de l’opposition, fort de sa longue expérience de nos mœurs électorales, estime qu’il est «trop tard pour procéder à la réforme électorale» dans un pareil climat. Paul Bérenger insiste qu’il y a une (autre) solution (provisoire) par la voie parlementaire : soit la présentation d’un autre mini-amendement, inspiré de la Constitution (Declaration of Community) (Temporary Provisions) Act (July 2014) afin que les candidats ne soient pas obligés de décliner leur communauté.
Paul Bérenger pense que la majorité parlementaire peut présenter cet amendement une fois de plus avant les prochaines élections – et que tout le monde, y compris l’opposition, votera sans problème. C’est la solution la plus simple, si tout le monde fuit le débat
Or, l’Electoral Scholar Rama Sithanen n’est pas d’accord que cela soit une possibilité. Pour lui, il n’y a que deux choix possibles avant le prochain scrutin : 1) une réforme complète qui absorbera le Best Loser System ; ou 2), une réactualisation du recensement de la population de 1972, avec ses effets pervers sur notre nation-building.
“The BLS depends on two crucial demographic statistics: i) the population census that categorises us in four communities; ii) the correct communal make up of the 62 MPs from the FPTP elections. If either of these two is wrong, there will be a problem to allocate the 8 BL seats. With the proposal to have the same mini amendment there are two (not one) problems: First we will continue to use the 1972 population census to ascertain the make up of the four communities. This has been found to be a violation of human rights by the UNHRC and must be remedied. Second if some elected MP do not disclose their community identity, the allocation of the BLS become ‘stultified and nugatory’ as well stated by the judgement of the full bench of the Supreme Court”, fait ressortir le Dr Rama Sithanen dans ses travaux de recherche, dont une partie a été publiée dans nos colonnes.
Soit Bérenger a raison. Et la réforme électorale n’aura pas lieu durant cette législature des plus mouvementées. Soit Sithanen a raison et, alors, on est sacrément en retard pour réformer tout le système électoral ou, hélas, refaire – en 2016 ! – un recensement communal, avant 2019, ou après ! Dans tous les cas, on patauge.
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