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Où est Vishnu ?
Il n’a échappé à personne que l’actuel chef de la diplomatie, Vishnu Lutchmeenaraidoo, se fait étrangement discret. À tel point qu’on se demande s’il y a un locataire au 11e étage de la Newton Tower.
Ses absences répétées aux conférences internationales, comme celle des Nations unies récemment, ou concernant de grands dossiers économiques interpellent plus d’un. À commencer par les diplomates en poste à Maurice et les opérateurs économiques.
Alors que son prédécesseur sous le régime Ramgoolam, Arvin Boolell, faisait régulièrement partie de la délégation mauricienne, faisant du lobbying dans les coulisses pour faire entendre la voix du pays aux Nations unies ou à Bruxelles, Vishnu Lutchmeenaraidoo reste de plus en plus à l’écart de ces conférences. Il y a trois semaines, il a brillé par son absence aux Nations unies. Tout comme son prédécesseur d’ailleurs, Etienne Sinatambou. À la place, on a eu droit à lady Sarojini Jugnauth qui a été au premier rang, aux côtés du Premier ministre. Une présence peu ordinaire, qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux…
Muté aux Affaires étrangères en mars dernier, après un mini-remaniement suivant la guerre ouverte avec son collègue des Services financiers, Roshi Bhadain, Vishnu Lutchmeenaraidoo se voulait proactif sur plusieurs dossiers, promettant de mettre la diplomatie au service de l’économie. Ses premières priorités allaient dans ce sens.
Or, plus de six mois se sont écoulés et le ministre n’a pas encore cru bon de définir les principaux axes de sa diplomatie économique. Cela, alors même que de nombreux défis se profilent à l’horizon dans le sillage du Brexit, notamment. Déjà quatre mois que les Britanniques ont voté pour se retirer de l’Union européenne et que la livre sterling a chuté de 18 % vis-à-vis de la roupie, avec des conséquences économiques désastreuses sur trois principaux secteurs du pays : tourisme, textile et finances. Le silence du ministre des Affaires étrangères sur ces questions interpelle.
Du coup, on ne sait pas encore comment il compte déployer sa fameuse diplomatie économique –s’il y en a une – pour contenir les effets du Brexit. Une récente étude d’Axys, société de courtage, indique que le manque à gagner pour les exportateurs mauriciens pourrait se chiffrer à Rs 750 millions à terme, soit 9 % des exportations totales du pays vers la Grande-Bretagne.
Si Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas le temps de poser ses valises dans les différentes capitales économiquement importantes pour Maurice (Londres, Paris, Bruxelles, Washington) pour trouver de nouveaux relais de croissance pour les industries du pays, il trouve néanmoins le temps de faire des déplacements réguliers à Saint-Denis (il y était récemment pour le comité mixte Maurice-Réunion) et à Antananarivo. Sans négliger l’apport de ces deux îles dans la stratégie de complémentarité prônée par le ministre, il est souhaitable qu’il pousse sa réflexion plus loin pour que la diplomatie du pays ne se limite pas à des rencontres riveraines de l’océan Indien.
Vishnu Lutchmeenaraidoo aura été une parenthèse au ministère des Finances, incapable d’incarner l’espoir économique des centaines de milliers de «mam» qui lui avaient fait confiance comme le faiseur du miracle économique de 1984 à 1990. Espérons qu’il ne soit pas l’ombre de lui-même face aux nombreux enjeux diplomatiques et économiques…
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