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Air Mauritius : la victoire du mal sur le bien

29 octobre 2016, 08:04

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C’est franchement écœurant ! On est censé célébrer la victoire de la lumière sur l’obscurité. Or, c’est le contraire qui s’est produit. Des gens aux sombres desseins, pistonnés par le pouvoir politique, jubilent aujourd’hui. Ils célèbrent leur victoire : ils viennent d’avoir la tête de Megh Pillay – celui qui, depuis huit mois, redressait courageusement Air Mauritius, envers et contre tous – en suivant, tout simplement, les protocoles pour une gestion saine et rigoureuse.

Dans sa cabine de pilotage, Megh Pillay était pratiquement seul face à une armée de protégés politiques qui lui mettaient systématiquement du plomb dans  l’aile ; déterminés qu’ils étaient à l’éjecter d’Air Mauritius. Mais Pillay s’en fichait car il travaillait sans relâche, la tête dans le guidon, pour son pays. Il a accepté de relever le défi il y a moins d’une année et il avait son plan de vol bien défini – une stratégie qui n’était toutefois pas au goût de tous, que ce soit au PMO, au conseil d’administration ou ailleurs, en particulier ceux qui avaient cru bon de sceller un partenariat avec l’aéroport de Changi. Et petit à petit, les nuages se sont amoncelés sur le Top Management et les turbulences devenaient de plus fréquentes et fortes au sommet du Paille-en-Queue Court. Jusqu’au coup  d’hier : une atteinte à la bonne gouvernance !

C’est en plein vol, hier après-midi, que le président du conseil d’administration, le Dr Arjoon Suddhoo, et ses quelques membres, «handpicked» par le gouvernement Lepep, ont choisi de soutenir un Mike Seetaramadoo au lieu d’encourager un Megh Pillay ! Cela dépasse l’entendement. Cela devient inquiétant. C’est comme si on demandait au pilote d’aller servir le thé ou café et au steward de prendre les manettes de l’appareill…

Sanctionner un gestionnaire de la trempe de Megh Pillay, qui a fait ses preuves à Maurice, de surcroît dans des compagnies publiques, (alors qu’il aurait pu gagner bien plus dans le privé ou à l’étranger) et réconforter Seetaramadoo relève d’un minutieux travail orchestré, dans l’ombre, par un clan qui avance ses pions – insidieusement…

Dans un courriel adressé à son board, jeudi, c’est un Megh Pillay dépité qui écrit ceci : «Behind the back of the CEO, he signed an Agreement with a Government Minister to extend a 15% discount to all Civil Servants, MPs, Ministers and members of their family.» On comprend cette mesure burlesque à la lecture de son courriel (dont nous publions de larges extraits plus loin).

Un triste courriel qui raconte comment un nominé politique aux qualificatifs douteux se permet d’intimider un CEO uniquement parce qu’il se sent protégé par un Chairman et d’autres membres du board !

Autre extrait choquant de ce courriel, désormais une pièce d’anthologie de la mal administration à la mauricienne – ou véritable SOS d’un CEO en détresse mais qui n’avait (plus) personne (avec le retrait progressif de sir Anerood) à l’hôtel du gouvernement pour le soutenir : «Mike barged into my office later that same day threatening me for having judged him ‘incapable’ for the post. I managed to pacify him and explained that when he will have proved himself, I shall not hesitate to confirm him. However, this will be on the terms of his contract and not on permanent establishment. He said he had discussed and agreed with the Chairman of the Board before joining and we had to respect that agreement. The Board Chairman could not confirm that with me…»

Avec une telle direction, Air Mauritius risque ni plus ni moins le crash !

***

Après Heritage City et le maintien de la proportionnelle à Rodrigues, il est manifeste que l’influence de sir Anerood s’amoindrit de jour en jour. Ses directives sont ignorées. Au sein d’Air Mauritius, où la nouvelle de la révocation de Megh Pillay a choqué plus d’un, et a mis en branle les syndicats, on explique que Seetaramadoo et ses protecteurs n’auraient jamais eu la peau de Megh Pillay si le PM n’avait pas déjà abdiqué une bonne partie de ses pouvoirs…