Du Ronaldo-Messi par-là, du Messi-Ronaldo en veux-tu en voilà. Depuis 2008, la lutte pour le titre individuel suprême de la planète foot se conjugue à toutes les sauces entre ces deux zozo-là. Mais rien qu’avec eux. Quel malheur !

Zéro suspense. Zéro surprise. Bonjour l’ennui aux cérémonies du Ballon d’Or ! Bon, c’est vrai que l’attaquant portugais du Real Madrid et son homologue argentin du FC Barcelone sont des ovnis. Explosent tous les records, tournent à 60 buts par an et font de la gonflette avec leur palmarès. Comme deux moutures virtuelles sortis tous droits de FIFA 17 ou du dernier Pro Evolution Soccer. L’ère de l’ultra médiatisation sur Internet et leurs buts qui tournent en boucle sur les chaînes d’info ou sur You Tube faussent la donne. Matraquage subliminal. Les votants (sélectionneurs et capitaines de sélections) sont conditionnés, presque malgré eux, à voter Leo ou CR7.

Magiques, extraterrestres, stratosphériques : les journalistes sont à court de qualificatifs. Et si ça ne tenait qu’à eux, ils s’intéresseraient plus à l’attribution de la 3e place du Ballon d’or, bien plus incertaine. Iniesta avant-hier. Ribéry hier. Griezmann demain ? Toujours est-il que cette année, le vote sera un peu différent, puisque la FIFA et France Football ne sont plus ensemble. Le contrat qui liait l’instance suprême du football au Ballon d’or depuis 2010 est arrivé à terme et le journal français n’était pas vraiment content de la façon de faire de la FIFA…

Du coup, les journalistes reprennent le pouvoir (193 votants à travers le monde) et le résultat sera enfin plus conforme aux critères stricts du Ballon rond (palmarès collectif et individuel de l’année, talent, fair play, carrière) même si Cristiano Ronaldo demeure le grand favori cette année après avoir remporté la Ligue des champions avec le Real et l’Euro avec le Portugal.

Mais pourquoi se laisser endormir chaque année par le ronronnement habituel ? Pourquoi ne pas casser les codes du Ballon d’Or et récompenser un gardien de but par exemple ! En quoi leurs arrêts incroyables sont moins méritoires qu’un passement de jambes de Ronaldo ou un slalom de Messi ?

Tenez, Hugo Lloris a bien réussi l’arrêt de l’année sur sa ligne, avec Tottenham, la semaine dernière en Ligue des champions. Le félin David de Gea en a fait autant avec Manchester United, sauvant un ballon qui partait pleine lucarne contre Liverpool. Et comment oublier l’immense Gianluigi Buffon, l’increvable rempart de la Juventus Turin ? Récompensons enfin un gardien à sa juste valeur sacrebleu ! Pour que le portier russe Lev Yachine (1963) ne soit plus le dernier mohican au palmarès. Cessons d’idolâtrer les attaquants, honorons les gardiens du temple. Redonnons ses lettres de noblesse à un trophée individuel qui, jadis, donnait une larme à l’oeil de stars gavées de titres face au fameux ballon recouvert d’or. On peut rêver un peu non !