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Il faut sauver le soldat Pillay !

1 novembre 2016, 07:53

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Si l’on admet que les conflits de personnalité et les appétits personnels ne doivent pas se retrouver dans la matrice décisionnelle d’une entreprise à son plus haut niveau, il est facile de postuler qu’il faut que le conseil d’administration d’Air Mauritius fasse tout ce qui est en son pouvoir pour réhabiliter Megh Pillay, son Chief Executive Officer (CEO), sommairement licencié vendredi.

Notons qu’il a été licencié sur la base du vote de seulement cinq directeurs sur les sept présents, alors qu’il y a quinze directeurs qui ont été invités, en catastrophe, à une réunion extraordinaire, avec seulement deux heures de préavis et avec… 30 minutes d’avance sur le comité disciplinaire de Mike Seetaramadoo, qui est à la base de tout ce charivari. La convocation n’avait même pas d’agenda, apparemment, et cette réunion pourrait donc être tout bonnement illégale !

Pourquoi faire machine arrière ? Mais pour la bonne et simple raison que, de ce que l’on sait jusqu’ici, Megh Pillay incarne le professionnalisme de quelqu’un dont la seule motivation à Air Mauritius était d’assurer le bien de sa compagnie, plutôt que de s’intéresser aux intérêts individuels ou politiques des uns et des autres. Sans compter que le licenciement de Megh Pillay est une entaille saignante de plus dans un cadavre institutionnel sérieusement affaibli par le népotisme et où il faisait figure de puissant contre-exemple ! La crédibilité de ce gouvernement, et donc du pays, va encore prendre du plomb dans l’aile ! Le moment est vraiment mal choisi alors que l’investissement privé est nécessaire (et se met tout juste en place dans certains dossiers) dans le sillage du dernier Budget…

Jusqu’ici, la seule justification proposée par le camp du Chairman, Arjoon Sudhoo, a été que le comité disciplinaire décidé par le CEO, après deux avis légaux de légistes indépendants, n’était pas la voie à prendre et qu’il aurait fallu plutôt s’en remettre à un «Staff Committee» du «board». Le Chairman aligne, de son côté, l’opinion non indépendante d’un légiste du sérail gouvernemental. On peut, de prime abord, distinguer assez facilement la voie professionnelle et objective de celle qui sauve la zone d’intervention d’une clique influente. Pour confirmer, rattachons-y cette convocation d’un conseil d’administration à seulement deux heures de préavis (est-ce bien acceptable ? légal ?) ou, comme par hasard, les votes les plus favorables à Mike Seetaramadoo étaient tous présents, face à deux votes négatifs, alors que les autres étaient déjà… pris ailleurs ?

Évidemment que, si le conseil d’administration complet de quinze directeurs reprend Megh Pillay, cela va faire un peu désordre quelques jours après son licenciement intempestif, mais cette décision aura au moins le mérite d’illustrer le règne de la raison face au putsch népotique de vendredi. De toute façon, ce sera bien moins dommageable pour l’image du pays (et l’avenir d’Air Mauritius !) que le maintien de son licenciement !

Le Semdex, c’est-à-dire l’actionnaire, disait d’ailleurs, hier, tout le bien qu’il pensait en la circonstance en affichant le titre d’Air Mauritius à 8,5 % moins cher. C’est une claque comme une autre et ce n’est sans doute pas la dernière pour le transporteur national qui va devoir faire gérer, au cours des jours qui arrivent, l’escompte de 15 % accordé au service civil (et aux ministres !) dans le dos de son «board» et de son CEO, les revendications salariales, le renouvellement de sa flotte ainsi qu’un prix de baril en hausse, par une direction intérimaire qui répond à qui, en fin de compte ? Les quinze directeurs de son conseil d’administration ? Le Premier ministre ? Le ministère des Finances? La bande des cinq?

Quel gâchis ! Non, mais vraiment, quel affreux gâchis !