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Scénarios pour situation confuse
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Scénarios pour situation confuse
Scénario: vous avez un excellent CEO en fonction, que vous avez recruté il y a à peine 8 mois, notamment avec l’aide et grâce à l’intervention du Premier ministre lui-même (voir www.msmparty.com, item Air Mauritius du 26 février 2016). À l’époque de sa nomination comme CEO, le communiqué du MSM (dirigé par Pravind Jugnauth) disait, entre autres, qu’«à travers cette nomination, SAJ et son gouvernement démontrent qu’ils prennent leur temps afin de faire les meilleurs choix pour le pays». S’il est vrai qu’Air Mauritius avait renoué avec la profitabilité juste avant l’arrivée de Megh Pillay (notamment grâce à la chute du prix du baril de pétrole), il n’en reste pas moins vrai qu’il a été recruté comme le «meilleur choix pour le pays», que, pour une fois, c’était vrai et que 8 mois plus tard, on DÉSAVOUE CE CHOIX de SAJ et de son gouvernement. Mieux, ayant «pris leur temps» pour trouver le meilleur dirigeant possible pour Air Mauritius (rappelez-vous que l’appel à candidature avait généré une short-list qui n’excitait personne), SAJ et son gouvernement sont disposés à licencier Megh Pillay, à mettre tout en suspens et à… recommencer l’exercice de recrutement?
On ne peut pas dire que ce soit bien rationnel…
Les directeurs qui ont voté, les «shadow directors» qui ont donné des instructions et même les directeurs qui n’étaient pas là, ontils tous bien mesuré leurs responsabilités sous la Companies Act ? Notamment leur «duty of care» en faveur des «best interests of the company»?
Scénario : vous êtes le ministre des Finances ou le Premier ministre du pays. Le second annonce qu’il va transmettre sa charge au premier nommé dans quelque temps. Puisque c’est un père qui annonce ainsi la transmission du pouvoir suprême à son fils, alors qu’il n’en a nullement été question lors des élections générales de décembre 2014, il y a une réaction générale et négative de l’opinion publique. On peut s’imaginer que s’échafaude alors quelque plan de relations publiques et d’«image building» pour tenter de convaincre cette même opinion publique qu’elle gagne au change avec quelqu’un de plus jeune, de «mieux» pour le pays. Et c’est ainsi d’ailleurs que l’on peut effectivement analyser l’épisode Heritage City ; le «PM-in-waiting», Pravind Jugnauth, dans une tentative de s’affranchir de son père et de son legs immobilier gênant, puisque coûteux et de toute évidence pas prioritaire, s’allie avec XLD, IC et d’autres et envoie M. Sanspeur s’attaquer au monstre, jusqu’à ce que mort s’ensuive! La cote de Pravind Jugnauth auprès du public grimpe alors solidement ! On peut aussi mettre au même compte les velléités budgétaires du 29 juillet dernier (dont un plan Marshall qui peut lui être politiquement très utile, si seulement ses bureaucrates jouent sincèrement le jeu…) et la décision (très populaire aussi) de mettre au pas ses collègues voyageurs et consommateurs boulimiques de per diem.
(…) Pravind Jugnauth, dans une tentative de s’affranchir de son père et de son legs immobilier gênant, puisque coûteux et de toute évidence pas prioritaire, s’allie avec XLD, ic et d’autres et envoie m. Sanspeur s’attaquer au monstre, jusqu’à ce que mort s’ensuive !
Mais alors pourquoi tout risquer sur le plan de l’image, maintenant, en déclenchant le limogeage de Megh Pillay ? Pas pour effacer le scandale d’Omega Ark des radars populaires, tout de même ?
Les grands préceptes de la stratégie suggèrent qu’une fois choisie, l’on ne change pas d’approche, sauf si le nouvel objectif en vaut vraiment la peine. Jean de La Fontaine ne dit pas différemment. Or, jeter Megh Pillay à l’eau pour pouvoir prêter une bouée de sauvetage à Mike Seetaramadoo ne paraît pas être bien futé, quel que puisse être le critère choisi ! Ainsi, XLD qui demande explicitement aux responsables du licenciement de venir s’expliquer… quand le ministre des Finances dit ne pas connaître les détails et ne pas vouloir commenter, alors que Marc Hein déclare que Pravind lui aurait dit «avoir fait ce qu’il y avait de mieux pour MK», on croirait être au milieu d’un prochain épisode de «Menteur Menteur ?» ! Quand, en plus, on prend l’avion (MK??) avec une demi-douzaine de ses collègues ministres pour aller quelques jours en Chine… et que le PM, pendant ce temps-là, confirme son incapacité à expliquer ce qui se passe même dans une compagnie comme MK, qui tombe sous sa responsabilité directe, on ne peut pas dire que l’on soigne le profil des Jugnauth !
Alors qu’est ce qui se passe ?
Nous n’en sommes toujours qu’au stade des hypothèses, puisque nos dirigeants ne sont pas très loquaces et certainement pas transparents. Cependant, ce qui se passe ne peut être que grave !
Un PM qui déclare son déphasage et son impuissance face à ce qui se trame sous son nez et un «PM-in-waiting» qui prend des décisions sans plus du tout se soucier de son image publique, cela ressemble en tout point à une révolution de palais, peu inquiète de la prochaine échéance électorale ! Cette thèse n’est pas tout à fait avouée, puisque le père et le fils sont loin d’être explicites, mais il semblerait que la bande qui aspire à un nouveau leadership ne soit plus prête à attendre, qu’elle jouera ses cartes froidement même si, ce faisant, elle court le risque d’humilier Rambo lui-même et qu’il ne s’agit plus même d’y mettre la forme et de soigner l’image du ministre des Finances. Qu’importe la prochaine échéance électorale puisqu’il semble avoir été estimé que le gouvernement ne pourra plus empêcher sa chute de popularité jusque-là. Il est donc impératif de profiter un maximum avant cette échéance. Virer Megh Pillay – un acte qui a mené vendredi à une manif d’employés, jusqu’ici nettement plus courageux que les directeurs non présents le vendredi 28 octobre – est-ce la bande annonce que TOUT est désormais envisageable – peu importe les conséquences ?!
Nous l’écrivions il y a quelques semaines déjà, le 16 octobre que : «Si SAJ est clairement fatigué, il peut déléguer, mais son devoir c’est d’assumer ses responsabilités, au sommet, jusqu’au bout et quand il n’en sera plus capable de rendre son tablier au peuple souverain qui le lui aura prêté, pas de le laisser glisser, hors de portée, entre les mains de son gamin qui risque encore moins de pouvoir contrôler ses troupes dans le sillage d’un SAJ débordé.
Qui croit que Pravind sera mieux à même de se faire obéir que son père ? Levez la main !»
Il semblerait que ce scénario a dérivé quelque peu : SAJ ne délègue pas, il est déjà débordé. Son fils, Pravind est soit bien trop avare avec la vérité, soit encore il ne se fait déjà pas obéir !
Ce qui, dans les deux cas, vous me l’avouerez, serait plutôt grave !
Incidemment, le conseil d’administration d’Air Mauritius pourrait-il nous dire ce que la petite initiative personnelle de M. Seetaramadoo, soit entre 10 % et 15 % de remise pour ministres voyageurs et membres du service civil (et leurs familles), va coûter annuellement à ses actionnaires?
Le poids symbolique est immense : il faut assurément sauver le soldat Pillay ! Puisqu’il s’agit de méritocratie !
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