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Au-delà de Trump et de Clinton…

7 novembre 2016, 07:43

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La peur ou la continuité ? Le repli ou l’ouverture ? La rupture ou l’expérience ? La femme ou l’homme ? On connaîtra, dès demain, le résultat des votes des quelque 200 millions d’Américains (soit plus de 50 millions en comparaison à la présidentielle historique de 2008 qui a plébiscité le premier président non blanc de l’histoire tumultueuse des États-Unis). À noter aussi que plus de 40 millions d’early voters ont déjà accompli leur devoir civique.

Il s’avère intéressant de comprendre la psyché du votant d’ici, alors que chacun y va de son chapelet de préjugés et de commentaires dans la rue et sur la Toile.

The American Voter Revisited, une étude de l’université du Michigan (2008) sur les présidentielles de 2004 et de 2008, confirme que le déterminant numéro un du vote du citoyen lambda américain demeure l’affiliation politique du candidat : démocrate ou républicain. «Party attachment is highly resistant to change, much like brand loyalty.» La classe sociale, le lieu de naissance et l’influence des parents guident ensuite le choix des électeurs. Les chercheurs prennent souvent l’exemple de la garderie pour enfants. C’est vrai qu’on nous y conduit et on tombe amoureux et on tend à rester nostalgique jusqu’au bout de sa vie. «Miss Julie, c’est la plus jolie de toutes», me dira bientôt ma fille de 2 ans, au sujet de sa puéricultrice. Quant à mon fils, qui vit à Boston, il est catégorique : le langage de Trump n’est pas approprié pour les enfants. Point, à la ligne.

Les deux autres facteurs déterminants du vote américain (et non mauricien !) sont, dans l’ordre : 1) les enjeux et 2) les candidats eux-mêmes. «Economics, war, and cultural sea changes also can affect party affiliation en masse. In America, this, however, means the Civil War, the Great Depression, and the civil rights movement…»

La plupart des jeunes votants, qui sont sur Facebook ou qui regardent des extraits de débats sur YouTube sur leur iPhone 7, connaissent encore mal ou pas assez l’histoire politique des États-Unis. C’est le sentiment que nous avons en discutant avec quelques jeunes qui vont voter pour la première fois, manifestement sans la motivation de ceux qui suivent, de l’étranger, cette joute électorale. Il n’y a d’abord aucune adhésion à une idée, à un parti ou à un candidat (à ce niveau, ce n’est pas entièrement de leur faute si nous avons deux personnalités peu aimables cette fois-ci).

Une professeure de l’université de Georgetown m’expliquait hier, dans un café à U-Street, que «we tend to forget how skimpy our democracy once was (…) Only white male property owners could vote at first – just a fraction of the populace. It’s taken four constitutional amendments to broden the franchise. The 15th, post Civil War, extended the vote to non-white males. The 19th brought in women. The 24th banned poll taxes which were excluding the poor and the 26th lowered the voting age to 18».

La démocratie est un long processus, qui se fait dans le sang souvent. Elle est un processus laborieux, en évolution permanente, en redéfinition constante. Ici aux États-Unis, avec les nouvelles technologies, on le ressent davantage qu’ailleurs – du moins c’est le sentiment éprouvé de l’auteur de ces lignes.

Dans un article publié par le Boston Globe, Matthew Price, un citoyen comme les autres, souligne ce fait : «Preserving ONE from the MANY was not a smooth – or harmonious – process. A war that claimed over 700 000 lives saw the abolition of slavery, a central institution in the growth of the American economy, and the defeat of slave owners who presented the gravest challenge to the integrity of the union.»

Un challenge qui se présente aujourd’hui encore – avec cette possibilité que les États-Unis, avec Trump, se replient et s’emmurent – comme les Britanniques, ou ces Français qui soutiennent Le Pen par peur de l’invasion de l’autre.

Le vote de demain est une conséquence de l’histoire contemporaine – ni plus ni moins. C’est pour cela qu’il dépasse de loin Hillary Clinton ou Donald Trump ou encore leur vice-président respectif…

À demain et, surtout, à après-demain !

Nad SIVARAMEN  de Washington, DC